ArcelorMittal (+0,50% à 30,45 euros) a vécu une sombre semaine. Le cours du premier sidérurgiste mondial a dévissé de plus de 22% (-44% en trois mois), entraîné dans la spirale baissière des marchés liée à l'effondrement du système bancaire américain et de ses conséquences sur l'économie mondiale. Alors que l'HORIZON économique s'obscurcit un peu plus chaque jour, les analystes doutent qu'une simple contraction de l'offre puisse contrebalancer l'inéluctable ralentissement de la demande d'acier. La récente mise en place du nouveau plan de "gains de gestion" n'était pas de trop.
ArcelorMittal a en effet annoncé le mois dernier la mise en place de ce plan destiné à réaliser des économies d'échelle à hauteur de quatre milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Il visera principalement à accroître la productivité du personnel, à réduire la consommation d'énergie et à baisser les coûts de production afin d'augmenter le rendement et d'améliorer la qualité des produits.
Le groupe s'était dit prêt à réduire sa production pour combattre la baisse du prix de l'acier liée au ralentissement de la demande mondiale. Le P-DG Lakshmi Mittal a d'ailleurs reconnu que le marché serait plus calme au quatrième trimestre, mais estimé que ce ne serait que temporaire.
Las ! Goldman Sachs a retiré hier ArcelorMittal de sa liste "Conviction Buy List" et réduit son objectif de cours de 99 à 59 euros tout en restant à l'Achat sur le titre. Le bureau d'études a évoqué la baisse attendue des tarifs de l'acier et la probable réduction de la production que le groupe a annoncée afin de soutenir les prix affectés par la baisse attendue de la demande.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
ArcelorMittal, issu de la fusion en juillet 2006 d'Arcelor et de Mittal Steel, est le numéro un mondial de l'acier avec une capacité de production annuelle d'environ 130 millions de tonnes par an, soit environ 10% de la production mondiale d'acier. Le groupe est présent dans quatre domaines d'activités : il est le premier producteur mondial dans les Aciers Plats Carbone, activité principale du groupe avec plus de la moitié du chiffre d'affaires, et les Aciers Longs Carbone, l'un des leaders mondiaux pour la production d'Aciers Inoxydables, et parmi les premiers en Europe pour le secteur Distribution-Transformation-Trading. L'entreprise s'est fixé pour objectif de développer ses positions en Chine et en Inde, deux pays dont les marchés sont en plein essor.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- ArcelorMittal bénéficie des synergies dégagées par la fusion signée fin juin 2006.
- Le groupe investit en Inde et en Amérique Latine pour capter la croissance des pays émergents et accroître ses capacités.
- Le titre demeure la valeur préférée de nombreux analystes au sein du secteur en raison de sa rentabilité et sa capacité à relever ses prix.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe demeure encore relativement peu présent aux Etats-Unis.
- Comme les autres grands groupes sidérurgistes, ArcelorMittal affronte la concurrence des pays émergents qui tirent les prix de l'acier vers le bas.
- Comme ses concurrents, le groupe doit accepter les hausses des prix de ses fournisseurs, en particulier dans le minerai de fer.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
ArcelorMittal est une valeur cyclique, qui est très liée à la conjoncture économique. A ce titre, l'évolution de ses prix et débouchés est à surveiller.
-A suivre également, l'évolution du prix des matières premières entrant dans la fabrication de l'acier. C'est particulièrement le cas du minerai de fer, qui représente environ 30 % du coût des achats des producteurs d'acier.
- La concentration dans le secteur de la sidérurgie reste à l'ordre du jour dans la mesure où les dix premiers sidérurgistes ne contrôlent que le quart du marché de l'acier alors que leurs fournisseurs de minerai de fer sont concentrés à l'extrême. Deux compagnies assurent la majorité de l'extraction mondiale.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
La Chine consomme toujours plus de métaux. Ce pays consomme déjà un tiers de la production mondiale d'aluminium, d'étain, de zinc, de plomb et un quart de la production de cuivre ou de nickel. Selon les analystes, en extrapolant les tendances actuelles (en termes de consommation, et d'équipement), la Chine devrait consommer 60% des métaux dans le monde dans dix ans. C'est pourquoi plusieurs mesures ont été prises pour sécuriser ses approvisionnements. Face à l'envolée des cours des matières premières, la Chine a décidé de constituer des stocks stratégiques de minerais et métaux. Les autorités ont également interdit l'exploitation de certains gisements d'or, de cuivre et de charbon du sous-sol national, et ont fixé des quotas d'exportation de certains minerais rares. Les entreprises nationales sont incitées à investir dans les gisements à l'étranger. Le fonds souverain CIC, doté de 200 milliards de dollars, a été créé pour mener des prises de participation dans des entreprises occidentales.