Fortis parvient à se hisser à 4,30 euros, en hausse de 8,77% dans le sillage de Dexia. Cette dernière rebondit en effet de 8,33% après l'annonce ce matin d'un plan visant à injecter plus de 6 milliards d'euros. Ce nouveau sauvetage permet à Fortis de contrer l'effet d'une actualité morose. Après avoir frôlé la faillite avant de bénéficier d'un sauvetage en urgence de la part du Benelux grâce à une nationalisation partielle, le groupe bancaire belgo-néerlandais doit absolument se défaire des actifs d'ABN Amro pour survivre.
Or, cette cession, vitale pour l'avenir de l'établissement, s'annonce mal malgré les tentatives de Fortis pour rassurer les marchés. Publiquement, le groupe assure disposer de «beaucoup de possibilités» pour céder ABN. Fortis a par ailleurs précisé avoir «du temps et de l'espace» grâce au soutien des gouvernements du Benelux.
Un porte-parole a néanmoins précisé que ce n'était pas le «moment idéal» pour vendre ABN Amro à ING. Un euphémisme, après les déclarations de ce dernier, qui a tout simplement écarté tout scénario de reprise de ces activités. En effet, ING a clairement indiqué lundi soir qu'il ne comptait pas faire d'offre sur les actifs en question. Si le groupe néerlandais a dit sa volonté d'étudier «consciencieusement et avec circonspection» les différentes options dont il dispose, il ne cherche donc plus à s'emparer d'ABN.
«Après un examen attentif, ING a conclu que cette transaction ne réunissait pas les conditions financières nécessaires», a déclaré le groupe. Hier, un porte-parole du groupe déclarait qu'il était «dans une position de force pour étudier les opportunités qui se présentent».
L'année dernière, Fortis avait obtenu de haute lutte le contrôle des activités d'ABN Amro, en consortium avec RBS et Santander, à l'issue d'un long duel face au britannique Barclays. La crise, ayant affaibli Fortis, contraint aujourd'hui la banque à se séparer de ces activités pour assurer son avenir. Il est toutefois probable que Fortis perde de grandes sommes d'argent dans l'opération, celles-ci étant susceptibles d'alourdir son bilan.
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
La baisse des tarifs d'assurance automobile, observée en 2007, pourrait être stoppée par la récente initiative de la Matmut. La mutuelle souhaite baisser ses prix dès le 1er juillet 2008 et s'est engagée à ne pas réviser les tarifs d'assurance auto et moto à la hausse jusqu'au 1er janvier 2010. L'an passé, les assureurs étaient confrontés à une sinistralité défavorable. En effet, la baisse des fréquences ne compensait plus la dérive récurrente du coût des corporels et la hausse du prix des pièces de rechange (+4,6% en 2007). Sur le marché français de l'assurance-vie, le repli s'amplifie : la collecte enregistre une diminution de 8% au cours des quatre premiers mois de 2008, alors que la baisse était de 3% sur l'ensemble de l'année 2007. Les supports en euros s'en sortent mieux que les unités de compte, les premiers évoluant de +3% et les seconds de -37%. La première raison de cette évolution est la chute des marchés actions. A cela s'ajoute une inversion de la courbe des taux, qui consiste en une rémunération des produits «longs», comme l'assurance-vie, inférieure à celle des produits «courts», comme les sicav monétaires. La FFSA estime que la collecte, en 2008, devrait reculer de 5% à 7% sur le marché individuel et de 3% à 5% sur le collectif.
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.