Tous les yeux se tournent vers le dossier Fortis, particulièrement mouvementé, dont le cours cède 18,85% à 4,21 euros cet après-midi. Cette forte chute fait suite à l'annonce de l'injection de 11,2 milliards d'euros par les pays du Benelux, dans le but d'éviter la faillite de l'établissement belgo-néerlandais. Ce sauvetage in extremis a un prix : le gouvernement belge récupérera 49% du capital de Fortis banque en échange d'un investissement de 4,7 milliards d'euros, tandis que les autorités néerlandaises obtiendra 49% de Fortis holding Netherlands contre le versement de 4 milliards d'euros.
Idem pour le Luxembourg, qui décrochera une part identique pour un versement de 2,5 milliards d'euros.
Cette opération de sauvetage, visant à tenter d'enrayer la crise, a éveillé l'attention de Bruxelles. La Commission européenne a ainsi déclaré qu'elle examinerait attentivement l'aide fournie à l'établissement. «Nous considérerons la question d'une éventuelle aide de l'Etat comme un dossier très urgent», a affirmé Jonathan Todd, le porte-parole de Nellie Kroes, commissaire à la Concurrence européen.
Fortis va par ailleurs se séparer d'ABN Amro pour se concentrer sur ses activités de base, afin de restaurer la confiance, a expliqué Filip Dierckx, le patron du groupe. L'intégration de la banque, acquise de haute lutte l'année dernière, était devenue trop difficile à mener au vu du contexte financier et économique actuel.
Le choix de la cession d'ABN pèse également sur le cours de Fortis, puisque la vente devrait entraîner une dépréciation au niveau du bilan de Fortis. En effet, Fortis avait déboursé 24 milliards d'euros pour récupérer les activités de sa proie. Aujourd'hui, les rumeurs évoquent une vente à un prix de 10 milliards d'euros seulement…
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
La baisse des tarifs d'assurance automobile, observée en 2007, pourrait être stoppée par la récente initiative de la Matmut. La mutuelle souhaite baisser ses prix dès le 1er juillet 2008 et s'est engagée à ne pas réviser les tarifs d'assurance auto et moto à la hausse jusqu'au 1er janvier 2010. L'an passé, les assureurs étaient confrontés à une sinistralité défavorable. En effet, la baisse des fréquences ne compensait plus la dérive récurrente du coût des corporels et la hausse du prix des pièces de rechange (+4,6% en 2007). Sur le marché français de l'assurance-vie, le repli s'amplifie : la collecte enregistre une diminution de 8% au cours des quatre premiers mois de 2008, alors que la baisse était de 3% sur l'ensemble de l'année 2007. Les supports en euros s'en sortent mieux que les unités de compte, les premiers évoluant de +3% et les seconds de -37%. La première raison de cette évolution est la chute des marchés actions. A cela s'ajoute une inversion de la courbe des taux, qui consiste en une rémunération des produits «longs», comme l'assurance-vie, inférieure à celle des produits «courts», comme les sicav monétaires. La FFSA estime que la collecte, en 2008, devrait reculer de 5% à 7% sur le marché individuel et de 3% à 5% sur le collectif.
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.