Bonne résistance du titre Société Générale ce matin, qui échappe au marasme généralisé qui touche la place parisienne. Le titre s'accorde ainsi 0,53% à 66,24 euros dans un marché en baisse de 1,48%. Hier, Frédéric Oudéa s'était exprimé sur l'avenir de la banque de La Défense, démentant une nouvelle fois les rumeurs de fusion entre la SocGen et la BNP Paribas. «Je ne vois pas ce que NOS deux sociétés pourraient trouver de rationnel à cela alors qu'elles ont dans l'ENVIRONNEMENT actuel des opportunités fantastiques pour se développer», a estimé le directeur général.
M. Oudéa a par ailleurs affirmé que, si la priorité de sa banque est «la croissance organique», la Société Générale n'excluait pas des acquisitions dans la banque de détail ou les services financiers spécialisés. «Le modèle de banque universelle est le plus résistant», a-t-il ajouté.
Préconisant une prudence extrême en matière de gestion de capital, le patron de la Société Générale a estimé que les prix des actifs financiers devraient «continuer à baisser en 2009». Le dirigeant a en revanche écarté le scénario où sa banque s'intéresserait à des actifs de banques d'investissement américaines, comme ceux de Lehman Brothers.
Sur un autre thème, la Société Générale a voulu rassurer le marché concernant son exposition en Russie, où elle a fait l'acquisition l'an dernier de 60% de Rosbank, le numéro deux du pays dans le secteur bancaire en termes de capitaux privés.
La quasi-totalité du secteur bancaire est à la peine aujourd'hui à la bourse de Paris, après la faillite spectaculaire de Washington Mutual aux Etats-Unis, ainsi que les doutes concernant l'adoption du plan de secours de Henry Paulson, secrétaire d'Etat au trésor.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
La Société Générale est l'un des premiers groupes financiers de la zone euro. Son activité s'articule autour de trois grands métiers principaux : la banque de détail pour une clientèle de particuliers et d'entreprises (55% du produit net bancaire), la banque de financement et d'investissement (30%), enfin la gestion d'actifs et la banque privée (14%). Dans la banque de financement et d'investissement, la Société Générale se classe parmi les leaders européens et mondiaux, en marchés de capitaux en euro, produits dérivés et financements structurés.
Le 24 janvier 2008, la Société Générale a fait état d'une perte de trading de 4,82 milliards d'euros. Selon le groupe, elle résulte du débouclage de position «frauduleuses» d'environ 50 milliards d'euros prises par un de ses traders. L'enquête pour déterminer les responsabilités de chacun est en cours. Le bénéfice net du groupe a par conséquent été sérieusement amputé. Il s'inscrit en baisse de 81,9% sur l'année à 947 millions d'euros.
La banque a rejoint en 2007 le consortium Project Turquoise, un système transactionnel alternatif qui regroupe neuf banques d'investissement.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Points forts de la valeur
- SG est le leader mondial des dérivés actions avec une part de marché de l'ordre de 15 %.
- Le groupe bancaire est présent dans des pays à fort potentiel, notamment en Europe de l'Est et continue à s'y développer.
- Le titre est opéable.
- La banque est jugée bien capitalisée et son business mix est considéré comme solide dans l'environnement actuel, avec une gestion du risque efficace.
Points faibles de la valeur
- La Société Générale a échoué plusieurs fois dans ses tentatives de rapprochement avec une autre grande banque, française ou européenne.
- Certains analystes jugent que le profil de revenus du groupe est plus heurté et plus volatil que celui de ses concurrents. Il est de plus très dépendant de la croissance des profits issus des activités d'investissement et de financement ainsi que de celle du marché français, en raison de l'exposition forte du groupe à la banque de détail en France.
- Certains portefeuilles à risques de CIB, la banque d'investissement de Société Générale, pourraient être plus surveillés.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Les activités de dérivés actions et produits structurés sont dépendantes de l'évolution des marchés financiers.
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le groupe est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- Enfin l'évolution de la consommation, de l'épargne et du crédit des ménages a également un impact fort sur la Société Générale, dont plus de la moitié des résultats provient de la banque de détail.
- La Société Générale est également l'objet de rumeurs régulières sur un éventuel rapprochement avec d'autres banques, françaises ou internationales, même si sa direction estime être en mesure de faire " cavalier seul ". Dans un contexte de concentration, la banque française peut aussi bien être proie que prédateur.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.