Le titre Fortis est dans la tourmente depuis le début de la matinée. Peu avant la mi-séance, le cours du groupe financier belgo-néerlandais chutait de 8,12% à 6 euros. Selon le quotidien belge De Tidj, Fortis pourrait se séparer de certaines activités stratégiques pour renforcer son bilan. «Des bijoux de famille pourraient être vendus si le prix est bon», croit savoir le journal, citant une source proche du dossier. La situation commence à inquiéter les autorités financières belges et néerlandaises, qui constatent la forte chute du cours Fortis ces derniers jours.
Il s'agit en effet de la cinquième séance de baisse consécutive pour l'établissement. En un an, le titre a perdu les deux tiers de sa valeur, touchant hier son plus bas niveau depuis 14 ans à la bourse de Bruxelles ainsi que sur la place d'Amsterdam. Cependant, les autorités boursières ont décidé de ne pas intervenir pour l'instant.
De leur côté, les investisseurs s'inquiètent pour la trésorerie et les fonds propres de Fortis. La banque a pour sa part annoncé la tenue d'une conférence de presse, en précisant toutefois qu'elle n'y ferait aucune annonce particulière.
Au mois de juin, Fortis avait présenté un plan destiné à augmenter ses fonds propres de 8,3 milliards d'euros, en partie grâce à une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros. Le projet prévoyait également la suspension des acomptes sur dividendes.
Selon certains observateurs, les déboires de Fortis ont commencé avec l'acquisition d'ABN Amro. Cette acquisition, effectuée aux côtés de RBS et Santander, a constitué le rachat le plus important de l'histoire bancaire. Or, Fortis peine à boucler le financement de certaines activités d'ABN, qui lui a coûté 24 milliards d'euros. D'où l'éventuelle nécessité de se séparer des fameux «bijoux de famille» évoqués par De Tidj...
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
La baisse des tarifs d'assurance automobile, observée en 2007, pourrait être stoppée par la récente initiative de la Matmut. La mutuelle souhaite baisser ses prix dès le 1er juillet 2008 et s'est engagée à ne pas réviser les tarifs d'assurance auto et moto à la hausse jusqu'au 1er janvier 2010. L'an passé, les assureurs étaient confrontés à une sinistralité défavorable. En effet, la baisse des fréquences ne compensait plus la dérive récurrente du coût des corporels et la hausse du prix des pièces de rechange (+4,6% en 2007). Sur le marché français de l'assurance-vie, le repli s'amplifie : la collecte enregistre une diminution de 8% au cours des quatre premiers mois de 2008, alors que la baisse était de 3% sur l'ensemble de l'année 2007. Les supports en euros s'en sortent mieux que les unités de compte, les premiers évoluant de +3% et les seconds de -37%. La première raison de cette évolution est la chute des marchés actions. A cela s'ajoute une inversion de la courbe des taux, qui consiste en une rémunération des produits «longs», comme l'assurance-vie, inférieure à celle des produits «courts», comme les sicav monétaires. La FFSA estime que la collecte, en 2008, devrait reculer de 5% à 7% sur le marché individuel et de 3% à 5% sur le collectif.
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.