Le titre Natixis a enregistré hier la baisse la plus forte baisse des valeurs du SRD, avec une chute de 8,22% à 2,68 euros. Mercredi soir, la filiale des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne avait annoncé que son augmentation de capital avait été souscrite à 97%. Une opération que Natixis qualifie de «très grand succès», alors qu'elle a été orchestrée dans un «contexte de crise aiguê». L'opération a permis de porter le ratio de solvabilité Tier One de Natixis à 9,3% en pro forma à la fin juin.
3% seulement des titres proposés par Natixis n'ont donc pas trouvé preneur. Le placement de ces 3% sera toutefois garanti par un groupement de banques, ainsi que par les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires.
A noter que le prix des actions avait été sabré à 2,25 euros lors de l'augmentation de capital. Un chiffre inférieur de 61% au cours de bourse de la veille de l'annonce de l'opération, et qui présentait une très large décote par rapport au cours de près de 20 euros correspondant à l'introduction en bourse de Natixis.
La dégringolade du titre aujourd'hui s'explique par des rumeurs selon lesquelles Credit Suisse, Lazard et Merrill Lynch procéderaient au placement accéléré de 53,7 millions de titres.
Selon Les Echos, Natixis serait par ailleurs sur le point de changer de gouvernance. Un changement qui amènerait le départ de Philippe Dupont (le patron des Banques Populaires) de son poste de président du directoire de Natixis. Dominique Ferrero, l'actuel directeur général, conserverait ses fonctions exécutives. L'information a toutefois été démentie dans la journée de jeudi par M. Ferrero.
Natixis compte parmi les établissements français les plus touchés par la crise financière actuelle, qui frappe en premier lieu les banques d'affaires. Particulièrement volatil, le cours de bourse est très influencé par les divers rebondissements que connaissent les marchés. Depuis le début de l'année, le titre a perdu plus de 64% de sa valeur.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
tier 1 / tier 2 : Depuis 1988, on distingue pour les banques deux grandes catégories de fonds propres, le tier 1 et tier 2, classés en fonction du type de risque qu'ils peuvent compenser pour calculer le ratio de solvabilité de la banque. Le tier 1 concerne les fonds propres dits de base, (actions ordinaires et certificats d'investissement, intérêts minoritaires.), le tier 2 désignant les fonds propres complémentaires (plus values latentes, provisions, titres participatifs.). Il existe également un tier 3, pour les fonds propres de troisième catégorie, qui couvrent les risques de marché. La définition généralement acceptée est celle du Comité de Bâle pour la surveillance bancaire, institution créée par les différentes banques centrales dans le dessein d'harmoniser les méthodes d'analyse et d'internationaliser les normes bancaires.
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.