Respol gagne 4,80% à 21,80 euros à Madrid sur fond de spéculation sur un rachat par Total ou Shell. Selon le quotidien économique espagnol "Expansion", les deux majors pétrolières envisageraient chacune de leur côté de prendre le contrôle de leur homologue espagnol en rachetant la participation de Sacyr et de La Caixa. Si Total et Shell n'ont pas souhaité commenter, Sacyr a confirmé qu'il envisageait toutes les possibilités, y compris une éventuelle vente de Repsol. Sourde aux rumeurs, la compagnie a déclaré à l'AFP qu'elle percevait Sacyr "comme un actionnaire stable". Pour combien de temps ?
Le 12 septembre dernier déjà, Sacyr Vallehermoso avait reconnu son intention de céder sa participation de 20% dans la compagnie pétrolière espagnole dont la valorisation globale atteignait environ 25 milliards d'euros à la clôture de la Bourse mercredi. La Caixa, également en manque de liquidité, vendrait aussi sa part de 12,7%.
Si le même acquéreur s'emparait de ces deux participations, il serait obligé de lancer une OPA. En effet, la législation espagnole impose à un acheteur dépassant le seuil des 30% du capital de lancer une offre de rachat sur l'ensemble de la société, sauf à obtenir une dispense.
Total pourrait alors céder sa participation de 48,8% dans Compania Espanola de Petroleos SA (Cepsa) s'il décidait de lancer une offre d'achat sur 100% de Repsol. Toujours selon le quotidien, le gouvernement espagnol serait favorable à un rachat de Repsol par Total.
Le scoop de l'"Expansion" ressemble à s'y méprendre à un ballon d'essai envoyé par Sacyr aux marchés. Le groupe de BTP et de concessions, lourdement endetté, est très affecté par le retournement du marché immobilier espagnol. Le Sacyr d'aujourd'hui ne ressemble plus au groupe de BTP flamboyant parti bille en tête à la conquête d'Eiffage. Le titre, qui a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année, est obligé de considérer la cession de ses 20% dans Repsol comme un moyen rapide et s-r de renflouer ses caisses.
A l'image de ses homologues européens, Repsol traverse sans trop encombre la crise actuelle. Profitant de la hausse des cours du pétrole, le groupe a annoncé fin juillet un bénéfice net semestriel en hausse de 24% à 2,2 milliards d'euros.
Selon des analystes d'Inversegoros cités par "Bolsamania", "Total pourrait être attiré par les activités de raffinerie très rentables, et éventuellement par le potentiel de l'activité d'exploration du groupe espagnol au Brésil".
En effet, à l'heure où la chasse aux nouvelles réserves est cruciale pour les compagnies pétrolières, la société brésilienne Petrobras, en association avec Repsol, multiplie les découvertes prometteuses. En début de mois, l'Opep a d'ailleurs proposé au Brésil, sans succès, d'intégrer l'organisation.
Une chose est s-re. Cet après-midi, la rumeur profite à Repsol... Et à Sacyr (+4,15% à 12,81 euros).
(P-J.L)