Sanofi-Aventis a cédé 3,99% à 45,66 euros hier. Les investisseurs ont accueilli sans enthousiasme l'annonce du rachat par le laboratoire français du fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le suspens était mince. Sanofi, qui détient déjà 25% de Zentiva, ne pouvait se permettre d'échouer. Le tchèque l'a bien compris en rejetant d'abord l'offre du groupe financier PPF puis la contre-offre du français dans le but de faire grimper mollement les enchères. Au final, Sanofi déboursera 1150 couronnes tchèques au lieu de 1050 initialement, soit environ quatre euros de plus par action.
Sans surprise, le conseil d'administration de Zentiva a accepté l'offre améliorée de Sanofi-Aventis. Le laboratoire français a relevé son offre de 9,5% sur le fabricant de génériques à 1150 couronnes tchèques par action, en numéraire contre 1050 couronnes auparavant. Le nouveau prix représente une prime de 25,5% par rapport au cours de clôture de Zentiva le 30 avril, la veille du jour où Sanofi a annoncé son intention de racheter Zentiva. La proposition finale de Sanofi valorise le tchèque à environ 1,8 milliard d'euros.
"Le conseil d'administration de Zentiva recommande aux actionnaires de la société d'apporter leurs actions", a indiqué Sanofi-Aventis dans un communiqué. "Sanofi-Aventis Europe a reçu un engagement irrévocable et inconditionnel de Jiri Michal d'apporter ses actions, qui représentent approximativement 3,4% du capital social et des droits de vote de Zentiva", a précisé le laboratoire français, qui souligne que "d'autres membres de la direction se sont engagés à apporter leurs actions représentant au total environ 2,3% du capital social et des droits de vote de Zentiva".
Le rachat de Zentiva va permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance. En quittant ses fonctions en décembre, le directeur général Gérard Le Fur fraîchement débarqué pourra au moins se flatter d'avoir offert la Bohême à son groupe.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters).
- Le portefeuille de produits en développement est important.
- Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011.
Les points faibles de la valeur
- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne.
- Début juillet 2007, Sanofi a retiré le dossier d'homologation de l'Acomplia aux Etats-Unis. Un comité de la FDA avait rejeté sa pilule anti-obésité Zimulti (molécule rimonabant). Les experts s'inquiètent des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia est d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attend du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros en cas d'homologation aux Etats-Unis.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement).
- En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel.
- Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Tiré par les efforts de prévention contre des menaces telles que la grippe aviaire, et par les lancements de nouveaux produits, le marché des vaccins fait preuve d'une belle vitalité. S'il ne représente que 2% des ventes de l'industrie pharmaceutique mondiale, le secteur croît néanmoins de 15%. En tenant compte de cette progression, les vaccins devraient représenter un marché mondial de 26 milliards de dollars en 2011, contre 15,6 milliards en 2007. Il s'agit d'un marché concentré, dominé par quelques intervenants dont Sanofi Pasteur, la filiale de Sanofi-Aventis, qui est leader mondial. Elle est suivie par le britannique Glaxo-SmithKline, puis par les américains Merck et Wyeth. L'activité de ces quatre groupes, constitue environ 80% du marché mondial. Les lancements de nouveaux vaccins, ayant le profil de « blockbusters », c'est-à-dire réalisant un chiffre d'affaires potentiel supérieur au milliard de dollars, dynamisent les ventes. Ces vaccins très innovants sont commercialisés à des prix beaucoup plus élevés, impactant positivement les marges. Ainsi le vaccin Prevenar de l'américain Wyeth contre les infections à pneumocoque comme la méningite, a généré des recettes mondiales de 2,4 milliards de dollars en 2007.