Jeudi soir, la Compagnie Aérienne Italienne (Cai), un consortium d'hommes d'affaires italiens qui s'était porté candidat au rachat d'Alitalia, quittait la table des négociations après l'échec des négociations de reprise avec les syndicats. Cette fin de non recevoir a plongé le transporteur transalpin dans une situation inextricable, dont beaucoup pensent qu'il ne pourra pas se relever. La compagnie italienne en péril pourrait en effet être contrainte de cesser ses activités d'ici trois à quatre jours si aucun plan de sauvetage d'urgence ne lui est proposé d'ici là.
L'autorité italienne civile (Enac) a annoncé aujourd'hui lundi qu'elle retirerait sa licence de vol à Alitalia si aucun plan de secours ne lui était présenté d'ici jeudi. Plus que jamais, le temps est compté pour la compagnie déficitaire, qui perd toujours 3 millions d'euros par jour, alors que sa dette s'élève déjà à 1,2 milliard d'euros. «Alitalia vole avec une licence provisoire», a déclaré Vito Riggio, le président de l'Enac, tout en précisant clairement que celle-ci risquait fort de lui être soustraite.
De son côté, l'administrateur d'Alitalia a sollicité lundi des manifestations d'intérêt sur tout ou partie de la compagnie aérienne moribonde. Les groupes intéressés sont enjoints à se manifester avant le 30 septembre, munis de la documentation permettant de débuter la négociation.
Si la recherche d'investisseurs n'a pas encore abouti, ce nouveau rebondissement pourrait relancer la piste d'un rachat par un groupe international. Une situation qui pourrait profiter à Air France-KLM, qui avait été écarté du dossier en début d'année. Le nom de la compagnie allemande Lufthansa circule également…
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Le carburant représente le tiers des coûts d'exploitation des compagnies aériennes. Selon l'Iata, si le baril de pétrole reste sur l'année à un cours moyen de 107 dollars, les pertes globales du secteur en 2008 s'élèveront à 2,3 milliards de dollars, contre 4,5 milliards de dollars de bénéfices prévisionnels encore attendus en avril. Avec un cours moyen à 135 dollars, les pertes s'élèveraient à 6 milliards. Dans un secteur où les marges sont parmi les plus faibles (inférieures à 3%) les compagnies aériennes, qui ont déjà souvent réduit radicalement leurs coûts, cherchent à accroître le prix des billets. Selon certains analystes, les compagnies américaines vont devoir augmenter leurs tarifs de 15% à 25% pour atteindre la rentabilité avec un baril de pétrole à 125 dollars. Air France a récemment annoncé une nouvelle surcharge tarifaire, la troisième depuis le 22 avril, et a choisi de majorer, pour la première fois, sur son réseau long-courrier, les vols très-long-courrier. Dans ce contexte le modèle des compagnies « low-cost » est remis en cause du fait de leur marge de manoeuvre presque nulle pour contrer le renchérissement du prix du carburant.