Nouvelle étape dans la phase de transition intense que le secteur bancaire traverse actuellement à l'échelle mondiale. Aujourd'hui, l'établissement nippon Mitsubishi UFJ Financial Corp a annoncé son intention de monter au capital de l'américain Morgan Stanley (+10,62% à 30,10 dollars) à hauteur de 10 à 20%. La première banque du Japon a précisé que le niveau définitif de sa participation restait à déterminer à l'issue d'une procédure d'examen approfondi.
Un rachat de 20% du capital reviendrait à six milliards de dollars au vu de la capitalisation actuelle, mais l'agence de presse japonaise Jiji rapporte que Mitsubishi envisagerait de débourser 900 milliards de yens (soit 8,49 milliards de dollars) pour entrer au capital de l'établissement américain. Un représentant de Mitsubishi devrait par ailleurs entrer au conseil d'administration de Morgan Stanley à l'issue de l'opération. Ce nouveau mouvement dans le paysage bancaire souligne une fois de plus la phase de concentration accélérée dans laquelle il est plongé depuis ces derniers jours.
Tout comme Goldman Sachs, Morgan Stanley s'apprête par ailleurs à perdre son statut de banque d'affaires pour devenir une simple holding bancaire, à la suite de la décision de la Réserve fédérale de modifier le statut des deux dernières banques d'affaires de Wall Street. A l'issue d'un délai de cinq jours, qui permettra aux autorités anti-trust d'étudier le dossier, les deux établissements changeront définitivement de statut, ce qui leur permettra d'avoir accès à la fenêtre d'escomptes de la Réserve fédérale américaine.
En contrepartie, les deux banques seront soumises à des règles plus strictes et à un contrôle accru des autorités. Pour que Goldman et Morgan Stanley puissent obtenir les liquidités qui pourraient leur faire défaut jusqu'à ce que leur nouveau statut entre en vigueur, la Fed a par ailleurs accepté de prêter à leurs divisions de courtage et d'intermédiation à des conditions identiques à celles dont bénéficient les banques commerciales à son guichet d'escompte.
Autre conséquence de cette décision inattendue : les discussions de fusion entre Morgan Stanley et sa compatriote Wachovia auraient été gelées selon la presse américaine.
Surtout, le changement de statut des deux derniers colosses de la banque d'investissement marque la fin d'une ère dans l'histoire de la finance. Un an à peine après qu'ait éclaté la crise des "subprimes", le business-model de Lehman Brothers, Morgan Stanley ou encore Goldman Sachs aura complètement disparu de Wall Street, après avoir enregistré pendant de nombreuses années les bénéfices les plus juteux de la place new yorkaise...
(An. P.)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.