Le Congrès américain a entamé lundi une longue semaine de tractations pour autoriser l'administration américaine à dépenser jusqu'à 700 milliards de dollars afin d'assainir Wall Street.
Si les choses sérieuses commencent cette semaine au Capitole, le siège du Congrès, les préliminaires ont débuté vendredi. Communiqués et interviews télévisées ont fait rage tout le week-end.
Premier constat, républicains et démocrates sont d'accord pour "agir vite". Le Trésor américain a indiqué lundi avoir bon espoir que le Congrès adopte d'ici à la fin de la semaine une loi mettant en place un plan de sauvetage, selon une porte-parole du Trésor, assurant que les discussions étaient "bonnes".
Deuxième constat, moins optimiste: les exigences de chacun pourraient retarder cette échéance.
Les démocrates majoritaires au Congrès entendent bien profiter de l'occasion pour faire passer des idées qui leur sont chères: un nouveau plan de relance économique, un plafonnement des indemnisations des responsables d'entreprises qui s'en remettront au gouvernement pour éponger leurs actifs douteux.
Ils demandent également, comme leur candidat à la présidentielle Barack Obama, plus de "surveillance" sur la destination des 700 milliards de dollars, l'une des plus importantes interventions de l'administration de l'histoire des Etats-Unis.
"Nous devons mettre en place un conseil de surveillance" pour les rachats d'actifs du plan de M. Paulson, a déclaré le représentant Barney Frank, représentant du Massachusetts (nord-est), lors d'une conférence de presse lundi, soutenant une idée déjà proposée par le sénateur démocrate Chris Dodd.
Les républicains, de leur côté, veulent, comme le secrétaire au Trésor Henry Paulson, quelque chose de "propre et clair". Autrement dit, pas d'alourdissement du plan présenté par le grand argentier de l'administration Bush.
"Les Américains attendent de voir si les démocrates et les républicains, le Congrès et la Maison blanche, peuvent s'entendre pour résoudre ce problème avec l'urgence qu'il mérite", a déclaré lundi le président George W. Bush.
Par ailleurs, le monde de la finance évoque déjà la question de la fin de l'aide gouvernementale, prévue sur deux ans. "Il y aura une période durant laquelle le Trésor va prendre la place du marché privé", dit William Gross directeur de Pimco cité par le New York Times lundi. "Espérons qu'ils sortiront du marché, mais reste à savoir à quelle vitesse il le feront", dit-il.
Le coût du projet fera sans aucun doute débat lui aussi, M. Paulson ayant affirmé qu'il n'était pas certain que le montant de 700 milliards soit atteint, tout en ajoutant qu'il pouvait aussi bien être dépassé.
Le sénateur républicain Chuck Shelby s'est dit "inquiet que la proposition du Trésor ne soit pas réalisable, ni complète en dépit d'un énorme coût". "Il serait stupide de perdre autant d'argent des contribuables à essayer une idée trop rapidement réfléchie", a-t-il ajouté en plaidant pour des "solutions alternatives".
Depuis lundi matin, les tractions entre les deux partis se déroulent de façon informelle dans des bureaux des parlementaires.
Selon M. Frank, les négociations sont en cours au Sénat et à la Chambre des représentants en vue de parvenir à un accord. "Il y a plus de consensus aujourd'hui qu'il n'y en avait vendredi", a-t-il dit. Toutefois, il a estimé que les tractations pourraient durer "plus longtemps" que prévu.