Difficile d'imaginer un scénario grâce auquel Alitalia pourrait continuer à assurer ses vols jusqu'au mois prochain. En effet, après que le consortium CAI (Compagnie aérienne italienne) ait définitivement quitté la table des négociations, le transporteur transalpin est en mal de repreneur. Silvio Berlusconi lui-même, qui avait milité pour écarter la candidature d'Air France-KLM au rachat d'Alitalia en début d'année, juge la situation «dramatique». «Nous pourrions être au bord du précipice», a estimé le chef du gouvernement italien.
M. Berlusconi a ajouté qu' «il est évident qu'il y a de grosses responsabilités, surtout de la part de la confédération CGIL et des syndicats de pilotes». De son côté, la direction de l'aviation civile italienne a annoncé sa décision d'interdire les vols d'Alitalia au terme d'une période de sept à dix jours à compter de lundi si l'administrateur de la compagnie ne lui soumet pas d'ici là un nouveau plan de sauvetage. «A partir de lundi, si aucune procédure nouvelle n'est engagée et dans un délai d'une semaine à dix jours, s'il n'y a aucun résultat positif, les vols d'Alitalia seront interrompus», a déclaré la source.
Trente vols d'Alitalia ont par ailleurs été annulés vendredi pour des «causes techniques», selon un porte-parole de la compagnie. «Tous les passagers vont être replacés sur d'autres vols de la compagnie», a assuré Alitalia.
De son côté, le gouvernement italien écarte toujours l'idée d'une renationalisation de l'entreprise. Une solution qui rencontrerait d'ailleurs probablement un ferme refus de la part de Bruxelles.
Alors qu'aucune alternative à CAI ne semble disponible, la situation pourrait favoriser un retour d'Air France-KLM sur le devant de la scène…
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Le carburant représente le tiers des coûts d'exploitation des compagnies aériennes. Selon l'Iata, si le baril de pétrole reste sur l'année à un cours moyen de 107 dollars, les pertes globales du secteur en 2008 s'élèveront à 2,3 milliards de dollars, contre 4,5 milliards de dollars de bénéfices prévisionnels encore attendus en avril. Avec un cours moyen à 135 dollars, les pertes s'élèveraient à 6 milliards. Dans un secteur où les marges sont parmi les plus faibles (inférieures à 3%) les compagnies aériennes, qui ont déjà souvent réduit radicalement leurs coûts, cherchent à accroître le prix des billets. Selon certains analystes, les compagnies américaines vont devoir augmenter leurs tarifs de 15% à 25% pour atteindre la rentabilité avec un baril de pétrole à 125 dollars. Air France a récemment annoncé une nouvelle surcharge tarifaire, la troisième depuis le 22 avril, et a choisi de majorer, pour la première fois, sur son réseau long-courrier, les vols très-long-courrier. Dans ce contexte le modèle des compagnies « low-cost » est remis en cause du fait de leur marge de manoeuvre presque nulle pour contrer le renchérissement du prix du carburant.