En pleine tourmente financière, la Compagnie financière de Rothschild a annoncé jeudi avoir scellé un accord avec Bank of China, l'une des plus grandes banques chinoises, qui va entrer à son capital et lui ouvrir en échange l'accès à son vaste marché.
Il s'agit du "premier accord capitalistique conclu entre une grande banque chinoise et une banque de l'Eurozone", a déclaré jeudi Michel Cicurel, le président du directoire de La Compagnie financière de Rothschild (LCFR), lors d'une conférence de presse.
Bank of China (BoC) va acquérir 20% du capital de LCFR, pour un montant de 236,3 millions d'euros, en rachetant la participation de la Caisse des dépôts du Québec et en souscrivant à une émission réservée d'actions nouvelles.
"Cet accord est complètement hors du temps, des difficultés, avec deux groupes extraordinairement robustes, et je mesure bien à quel point il est surréaliste de vous demander de venir aujourd'hui pour un accord serein, dans un monde qui ne l'est pas", a poursuivi M. Cicurel.
C'est Bank of China qui a pris l'initiative, il y a un an, de proposer ce partenariat à LCFR, a tenu à préciser ce dernier. "N'allez pas imaginer qu'on avait besoin de fonds propres, on n'avait pas du tout besoin de fonds propres, et il a même été assez difficile de faire accepter à Benjamin de Rothschild (président de la holding de tête du groupe éponyme, NDLR) de le diluer dans cette prise de participation de Bank of China", a-t-il lancé.
Et, tandis que des fonds souverains chinois sont venus ces derniers mois à la rescousse des banques américaines et qu'il se murmure que le conglomérat chinois CITIC se penche au chevet de la banque américaine Morgan Stanley, le vice-président de Bank of China, Min Zhu, a déclaré que son établissement ne cherchait pas pour le moment à devenir une "banque mondiale opérant partout".
"Nous cherchons des produits, des institutions qui soient capables de les fabriquer, pour pouvoir ensuite en faire profiter le marché chinois. Vous avez les produits, nous avons la réseau de distribution", a-t-il résumé à l'adresse de son nouveau partenaire.
M. Zhu a également indiqué que le choix de Bank of China ne s'était pas porté sur la France par hasard: elle est "installée au milieu de l'Europe" et c'est la sixième économie du monde, a-t-il fait valoir.
L'idée de ce partenariat est de permettre à Bank of China de développer ses activités de gestion d'actifs et de banque privée en s'appuyant sur l'expertise de La Compagnie Financière Edmond de Rothschild et à celle-ci de "d'accélérer son développement en Chine et sur le marché asiatique, en accédant à la puissance de distribution du réseau de Bank of China", plus de 10.000 agences et de 135 millions de clients dans le monde, ont expliqué les deux dirigeants.
Le groupe Edmond de Rothschild, qui a connu une croissance annuelle moyenne de 20% par an "depuis une dizaine d'années", et qui provient pour l'essentiel de ses activités européennes, ne pouvait espérer conserver un tel rythme sans s'associer "à l'eldorado du nouveau monde émergent", a expliqué Michel Cicurel.
Bank of China est "dominante" en Chine dans la gestion de patrimoine pour les institutions et les particuliers, a-t-il fait valoir, ajoutant qu'"il existe déjà en Chine un demi-million de millionaires en dollars" et que ce chiffre "croît à une grande vitesse".