Qualifée d'«historique» par certains médias américains, l'intervention de la Réserve fédérale américaine dans le dossier American International Group (- 43,73% à 2,11 dollars) est loin d'avoir laissé les marchés indifférents, bien au contraire. Les pouvoirs publics américains se sont décidés à dévoiler un plan de sauvetage pour AIG, après plusieurs jours d'incertitude. L'assureur américain recevra un prêt de la part de la Fed susceptible d'atteindre 85 milliards de dollars.
La banque centrale américaine précise que ce prêt-relais garanti exceptionnel porte sur deux ans et prévoit une prise de participation du gouvernement à hauteur de 79,9% du capital. L'opération sera garantie par la totalité des actifs d'AIG et ceux de ses filiales et la Fed sera remboursée lors de la revente d'actifs. Pour le «New York Times», il s'agit de «l'intervention la plus radicale de l'histoire de la banque centrale» au sein du secteur privé.
Pour expliquer son action, la Fed a déclaré dans un communiqué que le placement en faillite désordonnée d'American International Group aurait «ajouté aux niveaux déjà significatifs de fragilité des marchés financiers» et aurait pu avoir des conséquences néfastes pour l'ensemble de l'économie.
Les nombreux marchés de produits dérivés complexes dans lesquels AIG est présente auraient pu représenter un véritable risque systémique pour l'économie financière mondiale en cas de faillite. «Un démantèlement d'AIG aurait pu amplifier une fragilité des marchés déjà significative et aboutir à une hausse du coût du crédit, une réduction de la richesse des ménages et donc une croissance économique significativement plus faible», affirme la Fed. Selon certains observateurs, ces produits présentent toutefois toujours des risques, malgré l'apport de 85 milliards consenti par la Fed.
Toujours d'après la Fed, le prêt colossal consenti devrait permettre la cession de certaines activités de l'assureur dans un cadre plus favorable que dans le cas d'un dépôt de bilan. En somme, ce sauvetage coûteux qui pèsera in fine sur les épaules du contribuable américain, devrait permettre d'éviter une crise financière planétaire. Une situation qui explique en partie le choix de la Fed d'empêcher la faillite d'AIG, quelques jours après avoir laissé la banque d'investissement Lehman Brothers disparaître.
Selon des rumeurs de presse américaine, AIG avait commencé à préparer une demande de placement sous la protection du droit des faillites.
L'intervention de la banque centrale américaine n'a pas eu d'effet sur Wall Street, mercredi. En fin de journée, les marchés s'inquiétaient toujours de la capacité de la Fed à empêcher AIG de contaminer le secteur dans son ensemble.
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Assurance
La baisse des tarifs d'assurance automobile, observée en 2007, pourrait être stoppée par la récente initiative de la Matmut. La mutuelle souhaite baisser ses prix dès le 1er juillet 2008 et s'est engagée à ne pas réviser les tarifs d'assurance auto et moto à la hausse jusqu'au 1er janvier 2010. L'an passé, les assureurs étaient confrontés à une sinistralité défavorable. En effet, la baisse des fréquences ne compensait plus la dérive récurrente du coût des corporels et la hausse du prix des pièces de rechange (+4,6% en 2007). Sur le marché français de l'assurance-vie, le repli s'amplifie : la collecte enregistre une diminution de 8% au cours des quatre premiers mois de 2008, alors que la baisse était de 3% sur l'ensemble de l'année 2007. Les supports en euros s'en sortent mieux que les unités de compte, les premiers évoluant de +3% et les seconds de -37%. La première raison de cette évolution est la chute des marchés actions. A cela s'ajoute une inversion de la courbe des taux, qui consiste en une rémunération des produits «longs», comme l'assurance-vie, inférieure à celle des produits «courts», comme les sicav monétaires. La FFSA estime que la collecte, en 2008, devrait reculer de 5% à 7% sur le marché individuel et de 3% à 5% sur le collectif.