L'ensemble du secteur financier mondial a reçu de plein fouet l'annonce de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers (- 94,73% à 19 cents) lundi. Avec le rachat de Merrill Lynch par Bank of America pour 50 milliards de dollars et les besoins urgents de capitaux frais de l'assureur American International Group, la crise a atteint son paroxysme aujourd'hui à Wall Street. Cette succession de nouvelles a affolé les investisseurs qui s'interrogent sur la capacité du secteur financier à résister à la crise débutée il y a déjà plus d'un an.
Le dossier Lehman Brothers a pris une tournure désespérée ce matin, à la suite de la décision du Trésor américain de ne pas aider financièrement un sauvetage de l'établissement. En l'absence de ce coup de pouce (que le gouvernement avait accordé à Fannie Mae et Freddie Mac pour favoriser leur rachat), la banque britannique Barclays, qui s'était montrée intéressée, a finalement déclaré ne pas être en mesure de procéder à un rachat de Lehman. Quelques heures plus tard, la banque d'investissements annonçait sa décision de faire appel au chapitre 11 du droit fédéral américain qui régit les faillites.
L'assureur américain AIG, que certains voient déjà comme la prochaine victime de la crise, décrochait de plus de 50% en séance, après que la presse américaine ait annoncé qu'il avait approché la Fed pour tenter d'obtenir un prêt de 40 milliards de dollars à très court terme.
Moins médiatisé en Europe, le cas de Washington Mutual, la première caisse d'épargne des Etats-Unis, inquiète également. La valeur, dont les analystes craignent qu'elle soit menacée à son tour, perdait 18% dans la journée à Wall Street, dans un marché sinistré.
Lundi noir également pour les places européennes, qui dévissent dès les premiers échanges, puis accroissent leurs pertes avec l'ouverture des marchés américains. A Paris, les valeurs bancaires sont systématiquement massacrées par les investisseurs, qui s'interrogent sur les prochaines répercussions de la crise.
La décision de dix banques de créer un fonds d'urgence de 70 milliards de dollars pour aider les liquidités dans un «climat de marché exceptionnel» donnent la mesure de la gravité de la situation, de même que l'action coordonnée des banques centrales. Selon certains observateurs, cette secousse sismique est révélatrice d'un changement en profondeur du modèle bancaire américain, qui verrait les grandes banques d'investissement indépendantes disparaître au profit de grands groupes diversifiés.
(A.P)