Vallourec s'est envolé vendredi dernier de près de 8% porté par une note de broker et le rebond du pétrole. La Société Générale a relevé sa recommandation sur Vallourec de Vente à Achat avec un objectif de cours de 185 euros contre 170 euros auparavant. Ce changement fort d'opinion est lié aux hausses prévues des prix de Vallourec en Amérique du Nord, ainsi qu'à la remontée du dollar, a expliqué le bureau d'études.
Vallourec comme l'ensemble des valeurs liées à l'énergie a vécu une semaine difficile à la Bourse de Paris. Mardi, le reflux des cours du pétrole a entraîné une baisse de 6% du cours du titre. Fin juin, lorsque le cours du brut léger américain s'approchait de son record absolu de 147,36 dollars atteint le 11 juillet, l'action Vallourec se négociait à plus de 220 euros. En deux mois, la baisse de 40% du prix du pétrole a entraîné une chute de près de 30% de la valeur du titre.
Les cours du pétrole sont repartis à la baisse cet été avec l'apparition de vives inquiétudes concernant la santé de l'économie mondiale et la vigueur retrouvée du dollar.
Depuis peu, les marchés ont le sentiment que le ralentissement économique mondial affectera moins les Etats-Unis que le reste du monde. Conséquence, les investisseurs soldent leurs positions en euros pour se renforcer en dollars. La hausse du billet vert a deux conséquences sur le marché pétrolier. D'une part, elle le rend moins attractif puisque libellé en dollars et d'autre part, il ne sert plus de protection contre le risque inflationniste lié à la dégradation des taux de change.
Sur le front pétrolier, les craintes d'une baisse globale de la demande ont ressurgi. L'opep a d'ailleurs réduit cette semaine son offre de brut pour équilibrer le marché. La raison de ce retournement est simple. L'économie mondiale marque le pas. Selon l'OCDE, l'Europe serait désormais plus proche de la récession que les Etats-Unis. Dans l'ensemble, le G7 (Allemagne, Italie, France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon, Canada) va continuer « une phase de faiblesse de l'activité jusqu'à la fin de cette année », a pronostiqué récemment l'OCDE.
Vallourec est l'un des titres du secteur pétrolier les plus sensibles à la volatilité du cours du brut. Le chiffre d'affaires du groupe est directement lié aux besoins d'investissement des compagnies pétrolières. Un baril élevé rend rentables des projets d'exploration qu'il ne l'était pas forcément avant.Mercredi, Christophe de Margerie, directeur général de Total a estimé qu'un baril à 80 dollars permettait "un retour raisonnable" sur investissement.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Vallourec est leader mondial de la production de tubes sans soudure en acier et de produits tubulaires spécifiques pour applications industrielles. Le groupe s'adresse ainsi aux secteurs du pétrole et du gaz, de l'énergie électrique, de la chimie et pétrochimie, de l'automobile et de la mécanique, le reliquat provenant d'autres industries. Après avoir racheté l'américain Omsco en 2005, Vallourec a finalisé début 2006 l'acquisition de la société SMFI (Société Matériel de Forage International), afin de renforcer sa position de numéro deux mondial des tubes de forage pour le pétrole et le gaz.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-Vallourec profite de sa situation de leader mondial dans plusieurs de ses produits.
- La diversification des activités du groupe dans cinq débouchés lui permet d'amortir les phases de cycle des marchés qu'il sert. Par ailleurs, il bénéficie d'une répartition géographique équilibrée de ses ventes.
- Vallourec peut se prévaloir d'une exposition limitée à la concurrence chinoise.
- La situation financière de Vallourec est très saine.
- Le titre est entouré d'une forte spéculation, du fait d'un flottant très important et du mouvement de concentration affectant son secteur.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est pénalisé en cas de repli du dollar.
- La hausse du prix des matières premières (ferrailles, fer, coke...) crée une certaine incertitude sur les résultats.
- Vallourec est difficile à classer au sein d'un secteur du fait de son activité. Par ailleurs, il n'existe pas de valeurs comparables sur le marché.
- Comme toute valeur cyclique, Vallourec n'est pas à l'abri d'un retournement de conjoncture. Le marché mondial des tubes pour l'énergie a, dans le passé, connu de graves excédents de capacités qui amplifiaient la chute des prix en bas de cycle.
- Le groupe peut souffrir du mouvement de déstockage des distributeurs américains et d'un marché de plus en plus compétitif
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Avec une division pétrole et gaz qui représente près de la moitié son chiffre d'affaires consolidé, le groupe est particulièrement sensible au prix du baril de pétrole : celui-ci détermine avec un décalage de six mois à un an le niveau d'investissement des compagnies pétrolières dans l'exploration-production, et donc la demande de tubes de forage. Le titre est par conséquent favorisé en cas de prix élevé du baril.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Selon Ernst & Young, 2008 devrait connaître une vague sans précédent d'acquisitions. Le cabinet s'attend ainsi à ce que Rio Tinto réalise cette année une opération de plus de 50 milliards de dollars. Après l'échec des pourparlers avec Xstrata, le cabinet anticipe également une opération de même envergure de la part de Vale afin de diversifier ses actifs et son implantation géographique. Ces opérations sont motivées par l'envolée des prix des métaux et donc des revenus des groupes et la possibilité qu'elles offrent de diversifier la nature des actifs miniers. A cela s'ajoute la capacité à réduire des coûts de production toujours plus élevés. Dès lors, il est plus intéressant pour un groupe de racheter des actifs miniers déjà existants que de financer pendant de longues années la découverte de nouveaux gisements. Ainsi, le groupe australien Macarthur pourrait se retrouver au coeur d'une bataille boursière entre géants miniers suite à la prise de participation de 15% d'ArcelorMittal dans son capital.