Alors que les négociations entre les syndicats d'Alitalia et un groupe d'investisseurs italiens susceptibles de reprendre la compagnie aérienne semblent avoir achoppé, le gouvernement italien a décidé de donner un jour de plus aux syndicats. Pourtant, depuis que les éventuels repreneurs du transporteur en difficulté ont quitté la table des négociations, cette ultime alternative semble bel et bien dans l'impasse.
Le ministre du Travail Maurizio Sacconi, qui a mené les discussions dont la date-butoir avait normalement été fixée à jeudi, a déclaré devant la presse que les investisseurs s'étaient retirés des négociations, parce qu'il n'y avait pas de vision commune. Il a exprimé l'espoir que cela puisse encore changer. Selon un communiqué du ministère des Transports, le gouvernement cherche à éviter les «actes irréversibles» de la part du groupe d'investisseurs et de l'administrateur chargé expressément du dossier Alitalia.
Pourtant, d'un côté comme de l'autre, chacun reste campé sur sa position. L'alliance de ces entrepreneurs, baptisée Compagnie aérienne italienne (Cai), "prend acte qu'après sept jours de rencontres, les conditions n'existent plus pour poursuivre les négociations", a déclaré son porte-parole, cité par l'agence Ansa.
Le projet mis sur pied par la banque Intesa Sanpaolo, qui constitue pour l'heure l'unique alternative à la faillite de la compagnie, prévoit la reprise des activités rentables d'Alitalia par une alliance d'entrepreneurs italiens qui injecteraient un milliard d'euros dans la compagnie, et sa fusion avec Air One, deuxième transporteur aérien italien, avec la participation d'un partenaire industriel étranger.
Cependant, les discussions achoppent systématiquement sur la question des suppressions d'emplois, puisque ce plan prévoit 3 250 suppressions de postes ainsi que des réductions de salaires – des mesures auxquelles les syndicats sont farouchement opposés. «Visiblement, ils ne se rendent pas compte de la situation dramatique d'Alitalia et de la nécessité d'un profond changement par rapport au passé qu'exige le plan de sauvetage», déplore le porte-parole de Cai.
Dernier ultimatum en date : Alitalia a déclaré vendredi aux syndicats qu'elle s'apprêtait à adresser les premières lettres de licenciement à ses salariés après l'échec des discussions.
De son côté, l'administrateur chargé du dossier Alitalia a demandé au pape Benoît XVI d'adresser une prière spéciale pour la survie de la compagnie aérienne lors de son pèlerinage à Lourdes…
(An. P.)
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Le carburant représente le tiers des coûts d'exploitation des compagnies aériennes. Selon l'Iata, si le baril de pétrole reste sur l'année à un cours moyen de 107 dollars, les pertes globales du secteur en 2008 s'élèveront à 2,3 milliards de dollars, contre 4,5 milliards de dollars de bénéfices prévisionnels encore attendus en avril. Avec un cours moyen à 135 dollars, les pertes s'élèveraient à 6 milliards. Dans un secteur où les marges sont parmi les plus faibles (inférieures à 3%) les compagnies aériennes, qui ont déjà souvent réduit radicalement leurs coûts, cherchent à accroître le prix des billets. Selon certains analystes, les compagnies américaines vont devoir augmenter leurs tarifs de 15% à 25% pour atteindre la rentabilité avec un baril de pétrole à 125 dollars. Air France a récemment annoncé une nouvelle surcharge tarifaire, la troisième depuis le 22 avril, et a choisi de majorer, pour la première fois, sur son réseau long-courrier, les vols très-long-courrier. Dans ce contexte le modèle des compagnies « low-cost » est remis en cause du fait de leur marge de manoeuvre presque nulle pour contrer le renchérissement du prix du carburant.