La banque d'affaires new-yorkaise Lehman Brothers, victime d'une sérieuse crise de confiance du marché, cherche activement à se vendre, rapporte jeudi le quotidien économique Wall Street Journal, citant Bank of America (BofA) parmi les repreneurs possibles.
Cette quête d'un acheteur, longtemps refusée par la direction du groupe, a été rendue impérative par l'effondrement du titre Lehman en bourse.
BofA a mené des discussions préliminaires et représente "le meilleur espoir" de Lehman, ajoute le journal, citant des sources proches du dossier.
Les acheteurs se ne bousculent pas en effet en raison des incertitudes sur la santé réelle de la banque. Mais des candidatures pourraient apparaître si les autorités américaines apportaient des garanties comparables à celles accordées en mars à JPMorgan Chase pour reprendre une autre banque d'affaires dans une situation similaire, Bear Stearns, ajoute le quotidien.
La première banque d'affaires de Wall Street, Goldman Sachs, aurait déjà indiqué ne pas être intéressée, tandis que les grandes banques européennes, un temps citées, auraient décidé de ne pas engager de négociations.
Lehman Brothers ne vaut plus que 3 milliards de dollars en Bourse et le marché doute de la capacité de l'établissement à poursuivre ses activités normalement sur un marché où la confiance joue un rôle crucial.
La chute libre de l'action (-74% depuis le début de la semaine) alimente aussi les spéculations sur une possible faillite, amplifiant en retour le mouvement de vente de l'action.
Mercredi, Lehman Brothers a présenté, avec une semaine d'avance sur le calendrier prévu, des mesures destinées à rassurer le marché sur sa situation de liquidités, mais qui n'ont pas eu l'effet escompté. Lehman a aussi fait état d'une perte nette plus lourde qu'attendu, de 3,9 milliards de dollars.
Le même jour, la banque coréenne KDB, perçue comme le seul "chevalier blanc" sérieux de Lehman, a annoncé la fin des discussions avec la banque américaine.
A ce stade du dossier, une aide des pouvoirs publics à Lehman est incertaine, alors que Washington s'est porté il y a moins d'une semaine au secours des deux spécialistes du refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, pour un montant pouvant aller jusqu'à 200 milliards de dollars.