Le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a prévenu mardi que les nouvelles prévisions de croissance pour l'UE qu'il doit publier mercredi ne seront pas très bonnes et confirmeront la tendance observée d'un net ralentissement de l'activité.
L'activité en "zone euro s'est contractée de 0,2% au deuxième trimestre et, au vu des dernières prévisions publiées par l'ocde et la BCE, les perspectives pour le deuxième semestre 2008 (BIEN 2008) et le début de 2009 ne sont pas très bonnes", a-t-il déclaré dans un discours prononcé à Francfort, dont le texte a été diffusé par ses services à Bruxelles.
"Demain, je présenterai nos prévisions actualisées pour cette année et malheureusement, je ne m'attends pas à transmettre un message différent" de celui de l'OCDE et de la BCE.
L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) vient de revoir nettement en baisse son pronostic de croissance cette année en zone euro, de 1,7% à 1,3%. La Banque centrale européenne (BCE), pour sa part, l'a ramené de 1,8% à 1,4%, avant seulement 1,2% escompté pour 2009.
M. Almunia n'a pas donné de chiffre. Mais le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a récemment estimé que le pronostic de la Commission devrait être compris entre 1% et 1,3% pour cette année, contre une hausse du PIB de 1,8% attendue dans les dernières prévisions publiées en avril.
Pour l'année prochaine, Bruxelles prévoyait au printemps 1,5%. Mais ce chiffre devrait aussi être corrigé à la baisse.
Face à la détérioration de la conjoncture, le commissaire a jugé "impératif", dans une allusion à la France notamment, "de maintenir l'engagement à la discipline budgétaire, notamment pour les Etats membres dont les déficits risquent de dépasser les 3% au cours des prochains trimestres".
L'UE a fixé à 3% du Produit intérieur brut la limite à ne pas dépasser pour les déficits publics annuels nationaux. Et la France fait partie des pays qui risquent de flirter avec ce seuil cette année ou en 2009.
Autre pique à l'adresse de la France, qui assure jusqu'à la fin de l'année la présidence de l'UE: M. Almunia a rejeté toute critique à l'égard de la BCE et salué les efforts de l'institut monétaire de Francfort pour juguler l'inflation, qui "frappe tout particulièrement les plus pauvres".
"Il n'est pas question de s'en prendre à l'indépendance de la BCE et à son mandat visant à garantir la stabilité des prix. La BCE fait du bon travail dans des conditions difficiles et mérite notre soutien plein et entier", a dit le commissaire.
Une manière d'adresser une fin de non recevoir à l'idée de Paris de "rénover la relation" avec la BCE, un sujet que la France entend en principe évoquer lors d'une réunion vendredi et samedi des ministres européens des Finances à Nice (sud de la France).
Paris a souvent critiqué la politique de la BCE, trop focalisée à son goût sur la lutte contre l'inflation, ce qui se traduit par des hausses de taux d'intérêt, et pas assez tournée vers le soutien à la croissance.
Concernant l'inflation, M. Almunia a jugé que le pire était sans doute passé, avec un ralentissement observé en août à 3,8% sur un an en zone euro. "Le récent repli des prix pétroliers devrait aider à relâcher la pression", a-t-il dit.