Eni progresse cet après-midi de 2,47% à 20,75 euros dans un marché fortement haussier. Au même moment, l'indice phare de la Bourse de Milan affiche en effet un bond de 3,55%. La major transalpine profite de l'euphorie des places mondiales, de la reprise des cours du brut - le baril WTI gagne 1,50% à 107,6 dollars à New York - et de l'annonce de son acquisition de la compagnie pétrolière canadienne First Calgary Petroleum. A l'image de ses consoeurs, la société italienne multiplie les acquisitions pour renforcer ses réserves d'hydrocarbures alors que le gaz russe semble bien difficile d'accès.
Eni a annoncé ce matin l'acquisition de la société canadienne First Calgary Petroleum pour un montant de 923 millions de dollars canadiens (607,5 millions d'euros). Cette opération permet à la compagnie pétrolière italienne d'enrichir ses réserves de 190 millions de barils équivalent pétrole (bep). Le groupe canadien détient en effet 75% d'un bloc d'exploration dans la région de Ledjmet en Algérie. Selon les termes de la transaction, Eni versera 3,60 dollars canadiens par action First Calgary. Le conseil d'administration de First Calgary a recommandé l'opération à l'unanimité.
Les majors pétrolières multiplient les "petites" acquisitions ces dernières semaines. Le haut niveau des prix du baril (+40% en un an) rend attractif des investissements jugés peu rentables lorsque le baril plafonnait sous les 30 dollars. Selon les chiffres publiés par les compagnies pétrolières européennes, elles montent un projet d'investissement ou de croissance externe lorsque le coût de production du baril d'hydrocarbures avoisine les 80 dollars. Par ailleurs, la Russie, qui détient la plus grande réserves de gaz du monde, se montre de moins en moins encline à partager avec les multinationales étrangères.
Ainsi, la semaine dernière, Total a signé un accord avec Talisman Energy portant sur le rachat des actions de sa filiale néerlandaise, Goal Petroleum, pour un montant de 480 millions de dollars (hors fonds de roulement). ette acquisition augmentera d'environ 20 % les réserves et les capacités de production de Total E&P Nederland, a indiqué Total.
Elle lui permettra d'accroître sa production de 8 000 barils équivalent pétrole par jour d'ici 2011, grâce aux nouveaux développements qui doivent entrer en production dans un proche avenir.
Le climat euphorique qui règne sur les Bourses mondiales permet à Eni de ne pas souffrir d'un avis négatif de Credit Suisse. Ce matin, dans une note consacrée au secteur des compagnies pétrolières européennes intégrées, le broker a révisé à la baisse son objectif de cours sur le titre de la compagnie italienne de 30 à 24 euros. Le bureau d'études a réduit ses estimations de prix moyen du baril WTI de 130 à 120 dollars pour le troisième trimestre 2008 et de 130 à 110 dollars pour le quatrième trimestre.
(P-J.L)
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Pétrole et parapétrolier
Depuis cinq ans, de nouveaux grands consommateurs comme le Moyen-Orient et la Chine sont apparus avec une demande qui croît d'autant plus vite qu'ils subventionnent leurs prix domestiques. A côté de cette demande tendue, l'IAE (Agence internationale de l'énergie) souligne l'existence de plusieurs éléments négatifs pour l'offre de pétrole à venir. L'IAE considère, en effet, que la production des pays non membres de l'Opep devrait augmenter moins que prévu cette année, en s'accroissant seulement de 455000 barils quotidiens par rapport à l'an passé alors que l'agence tablait précédemment sur une progression de 680000 barils. Cela s'explique par des performances décevantes des champs pétrolifères de la mer du Nord, du Mexique et de certains gisements aux Etats-Unis. C'est pourquoi l'Opep, qui assure déjà près de 40% de l'approvisionnement mondial, sera sollicité.