L'histoire l'a démonté. Les Russes ne perdent jamais un conflit sur leurs terres. En signant un "protocole d'accord" avec les oligarques russes actionnaires de TNK-BP, la direction de BP a sans doute évité la bérézina. C'est en tout cas l'avis du marché. BP grimpe de 2,42% à 518,25 pence après avoir frôlé ce matin les 531 pence. Depuis plusieurs mois, la compagnie britannique et les milliardaires se livraient une guerre sourde pour le contrôle de la compagnie pétrolière russe TNK-BP qu'ils détiennent à 50/50. Pour l'instant, la seule victime du compromis est le P-DG de TNK-BP... un anglais.
BP a en effet cédé à la principale exigence des quatre oligarques russes -Mikha&*#8249;l Fridman, German Khan, Viktor Vekselberg et Len Blavatnik- regroupés au sein du consortium russe Alfa-Access-Renova. Robert Dudley, le P-DG de TNK-BP est débarqué. Les milliardaires lui reprochaient de servir uniquement les intérêts de la partie anglaise.
Pour BP, comme pour pour nombre d'observateurs occidentaux, cette accusation avait pour but la prise de contrôle par les groupes publics Gazprom ou Rosnef de TNK-BP, le troisième producteur russe de pétrole. Ces derniers mois, l'administration russe a multiplié les intimidations à l'encontre des salariés de BP, leur refusant notamment de renouveler les visas, en particulier celui du P-DG, Robert Dudley. Agacé, le dirigeant avait quitté la Russie il y a deux mois.
Outre le départ du P-DG de TNK-BP, l'accord signé jeudi prévoit une refonte du conseil d'administration de la compagnie pétrolière russe, dont chaque partie contrôle actuellement la moitié. BP et Alfa-Access-Renova choisiront chacun quatre administrateurs et trois administrateurs assureront le maintien des pouvoirs.
Par ailleurs, BP a ouvert la voie à une possible mise en Bourse de 20% du capital de la major russe.
Un éminent conseiller du président Medvedev a déclaré : "Nous espérons que cela servira de signal positif pour les compagnies étrangères qui investissent dans l'économie russe".
A Londres, les analystes ont salué de façon unanime la fin d'un conflit qui pesait sur le cours du titre BP depuis des mois. Tant pis donc pour Robert Dudley.
(P-J.L)
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Pétrole et parapétrolier
Depuis cinq ans, de nouveaux grands consommateurs comme le Moyen-Orient et la Chine sont apparus avec une demande qui croît d'autant plus vite qu'ils subventionnent leurs prix domestiques. A côté de cette demande tendue, l'IAE (Agence internationale de l'énergie) souligne l'existence de plusieurs éléments négatifs pour l'offre de pétrole à venir. L'IAE considère, en effet, que la production des pays non membres de l'Opep devrait augmenter moins que prévu cette année, en s'accroissant seulement de 455000 barils quotidiens par rapport à l'an passé alors que l'agence tablait précédemment sur une progression de 680000 barils. Cela s'explique par des performances décevantes des champs pétrolifères de la mer du Nord, du Mexique et de certains gisements aux Etats-Unis. C'est pourquoi l'Opep, qui assure déjà près de 40% de l'approvisionnement mondial, sera sollicité.