La banque Natixis émettra finalement 1,6 milliard d'actions nouvelles à un prix de 2,25 euros, soit une décote de pas moins de 61% par rapport au prix de clôture de mercredi soir. Les analystes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à un prix de souscription de 4,21 euros. Une manoeuvre qui a engendré logiquement une forte chute du titre à l'ouverture. Depuis, l'action Natixis a réduit ses pertes et cède désormais 1,20% à 5,77 euros.
Si cette chute est moins sévère que ce que certains auraient pu prévoir, il faut rappeler que le cours s'est déjà replié de 4,11% sur la séance d'hier, sous l'effet des rumeurs de presse évoquant une forte décote lors de l'augmentation de capital, et de 55% depuis le 1er janvier. La parité annoncée aujourd'hui de 13 actions nouvelles pour dix actions existantes, annoncée officiellement aujourd'hui, rejoint en effet les scénarios les plus pessimistes.
A noter, toutefois, que la décote sera de seulement 41% pour les anciens actionnaires, qui bénéficient d'un droit préférentiel de souscription. Le prix de 2,25 euros, surtout, tranche avec le prix de 19,55 euros par action qu'a connu Natixis lors de son introduction en bourse à la fin 2006.
«Le solde de l'augmentation de capital est garanti par un syndicat bancaire dirigé par Natixis en qualité de Coordinateur global, Lazard Frères Banque (…), Credit Suisse et Merrill Lynch International en qualité de chefs de file et teneurs de livre associés». «En outre, les deux actionnaires majoritaires se sont engagés à souscrire les actions qui ne seraient pas souscrites (...) par d'autres investisseurs, de telle sorte que l'augmentation de capital soit en toute hypothèse souscrite à 100%», ajoute Natixis.
L'augmentation de capital aboutira à la création de 1,64 milliard d'actions nouvelles.
Au premier semestre, la banque a connu une perte nette de 948 millions d'euros, avec des dépréciations d'actifs de 3,9 milliards d'euros.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.