Sans surprise, c'est l'allemand Commerzbank qui a décroché le rachat de Dresdner Bank auprès de l'assureur Allianz. Le chinois CDB, candidat au rachat, a donc été éconduit au profit d'une opération effectuée uniquement entre acteurs allemands. Le montant de l'opération se situe juste en dessous de la barre des 10 milliards d'euros, à 9,8 milliards. Un mariage sanctionné lourdement par les marchés, puisque le titre Commerzbank chute de 11,54% à 17,83 euros. Ce rachat donnera naissance à un nouveau numéro un outre-Rhin en termes de clients.
Deutsche Bank tiendra cependant toujours le haut du pavé sur le plan des actifs, avec ses 2 000 milliards d'euros.
Le rachat se déroulera en deux temps, avec l'acquisition cette année de 60,2% de la Dresdner par Commerzbank pour 6,6 milliards d'euros. En 2009, le solde de 39,8% sera racheté pour 3,2 milliards d'euros. Une opération qui devrait permettre à Commerzbank de se prémunir contre toute tentative de rachat. Autre conséquence de l'opération : la suppression de 9 000 postes, dont 6 500 en Allemagne. Ce, malgré un accord convenu entre la direction et les représentants des salariés pour qu'il n'y ait «pas de licenciements secs d'ici 2011».
Ce rachat entraînera par ailleurs la disparition de la marque Dresdner, puisque Commerzbank a annoncé son intention de ne conserver qu'une seule marque. C'est donc la fin d'une histoire vieille de 135 ans dans le paysage allemand. «Cela a peu de sens de conserver deux marques», a estimé M. Blessing, appelé à prendre les commandes du nouveau colosse bancaire. «Nous sommes certains que la marque Commerzbank a le potentiel pour devenir une marque forte pour les clients en Allemagne», a-t-il jugé.
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.