Gérard Mestrallet, le nouveau patron de GDF Suez (+0,94% à 39,8 euros) peut sourire aux journalistes présents à la présentation des premiers résultats groupe depuis sa naissance il y a quelques semaines: son pari lancé il a plus de deux ans est réussi. "La fusion est faite. L'entreprise est en ordre de marche. Le groupe tourne à plein régime depuis le 22 juillet", a t-il souligné tout de go. Dopé par les prix de l'énergie, le groupe a enregistré une croissance à deux chiffres de ses profits et de ses ventes au premier semestre. Et c'est parti pour durer, a confirmé l'heureux P-DG.
En effet, compte tenu notamment de "perspectives de développement prometteuses et attractives pour l'ensemble de ses métiers", GDF Suez a confirmé ses objectifs de "croissance rentable à court et à moyen terme", en particulier une "croissance de l'Ebitda en 2008 supérieure à 10%" et un "Ebitda cible de 17 milliards d"euros à HORIZON 2010".
GDF Suez promet des "synergies opérationnelles de 1 milliard d'euros par an à horizon 2013" et "la mise en oeuvre d'un programme d'investissements industriels de 30 milliards d'euros sur la période 2008-2010".
Le nouveau géant de l'énergie a également confirmé la mise en place d'une politique de dividende dynamique "offrant un rendement attractif par rapport au secteur".
Le groupe réitère ainsi son objectif de distribution "supérieure à 50% du résultat net part du groupe récurrent". Il vise "une croissance du dividende par action de 10% à 15% par an en moyenne entre le dividende payé en 2007 et le dividende payé en 2010."
GDF Suez met en place dès 2008, une politique de versement, au deuxième semestre de chaque année, d'un acompte sur dividende, au titre de l'année en cours.
Pour 2008, le groupe versera ainsi le 27 novembre prochain un acompte sur dividende de 0,80 euro par action, soit une distribution totale de 1,7 milliard d'euros. Par ailleurs, "l'assemblée générale de mai 2009 mettra en paiement le solde du dividende ordinaire 2008, augmenté d'une distribution exceptionnelle de 0,80 euro par action".
En outre, GDF Suez réalisera un programme de rachat d'actions de 1 milliard d'euros supplémentaire d'ici à la fin de l'année 2008.
Au premier semestre, la société de Gérard Mestrallet a réalisé un résultat net de 3,4 milliards d'euros, en hausse de plus de 14%. L'Ebitda a progressé de 20% à 8,1 milliards d'euros et le chiffre d'affaires de 17% à 43,1 milliards. Les analystes interrogés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un résultat net de 3,2 milliards et un Ebitda de 7,6 milliards. GDF Suez a bénéficié de la hausse des prix de l'énergie et de conditions climatiques "favorables" en Europe.
"Ces bons résultats mettent en lumière le très bon momentum de l'énergie car Suez ENVIRONNEMENT a affiché des résultats en croissance plus modeste", ont commenté les analystes de Raymond James dans une note citée par l'AFP. De son côté, la Société Générale a souligné le versement de l'acompte sur dividende, un élément qui devrait "favoriser la réappréciation du titre".
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
GDF Suez est issue de la fusion réalisée le 22 juillet 2008, après deux ans et demi de longues fiançailles, entre Gaz de France et Suez. Le groupe présidé par Gérard Mestrallet, secondé par Jean-François Cirelli, constitue le leader européen dans le secteur de l'électricité et du gaz en termes de chiffre d'affaires : 74,3 milliards d'euros en 2007, contre 69 milliards pour E.ON et 60 milliards pour EDF. Le groupe compte 196 500 collaborateurs. Coté à Bruxelles, Luxembourg et Paris, GDF SUEZ est représenté dans les principaux indices internationaux : CAC 40, BEL 20, DJ Stoxx 50, DJ Euro Stoxx 50, Euronext 100, FTSE Eurotop 100, MSCI Europe et ASPI Eurozone.L'Etat français est le premier actionnaire du groupe avec 35,7% du capital devant le Groupe Bruxelles Lambert (5,3% du capital).La capitalisation boursière de GDF Suez au moment de sa première cotation (96 milliards d'euros) lui garantissait la deuxième place du CAC 40 derrière Total mais devant EDF.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-GDF Suez bénéficie de perspectives de croissance intéressantes sur un marché porteur et bénéficie d'une structure financière saine.
- Selon les investisseurs, le groupe incarne une stratégie énergétique gagnante bâtie sur la convergence du gaz et de l'électricité.
- La fusion devrait permettre à la société dé dégager à terme 1 milliard d'euros d'économie par an.
-La fusion permet à GDF Suez de prendre du poids dans certains grands indices boursiers, ce qui entraîne l'achat du titre par les fonds dont la gestion réplique la composition de ces indices.
-Un ambitieux programme d'investissement -10 milliards d'euros par an- afin d'atteindre les 100 gigawatts se capacités électriques installées.
Les points faibles de la valeur
-Le positionnement domestique de GDF le rend vulnérable aux tendances de l'activité économique française.
- La tarification de GDF est pour l'instant toujours régulée et dépend des décisions de l'Etat. Or, le groupe achète la vaste majorité du gaz qu'il vend et toute hausse de ses coûts d'approvisionnement non répercutée dans ses prix de vente ampute ses profits. Et, le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Pour les analystes, le nouvel ensemble GDF-Suez offre une action intéressante. GDF-Suez combine en effet une croissance à deux chiffres des résultats, des multiples inférieurs à ceux du secteur, un faible taux d'endettement et un Ebitda qui s'appuie à près d'un tiers sur des activités réglementées et donc peu risquées.
- La perspective que les tarifs réglementés du gaz deviennent inférieurs aux prix du marché effraie régulièrement les investisseurs. Les hausses de prix du gaz décidées par l'Etat sont donc à surveiller.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le verdict des parlementaires européens, rendu mi-juin, relance le débat sur la séparation patrimoniale des activités de production et de transport des électriciens européens. En effet, en obligeant les énergéticiens européens produisant de l'électricité à céder leurs réseaux de transport, il s'oppose à l'accord conclu le 6 juin dernier à Bruxelles entre les gouvernements des Vingt-Sept, qui laissait aux opérateurs le choix de céder ou garder leurs réseaux de transport. Ils se conforment néanmoins à la proposition initiale de la Commission Européenne, qui imposait dans sa directive de 2003 une séparation juridique entre la production et la distribution d'énergie. L'objectif étant de casser les monopoles et favoriser la concurrence au profit du consommateur final. Face aux ambitions du futur groupe GDF-Suez, et pour compenser ses pertes de part de marché en France avec l'ouverture du marché à la concurrence, EDF poursuit sa politique d'internationalisation. Il est ainsi prêt à payer 515 millions d'euros pour racheter les 25,5% de GDF dans SPE, numéro deux belge de l'électricité. Néanmoins cette opération risque d'être compliquée par le fait que le Britannique Centrica dispose d'un droit de préemption pour acquérir la participation de Gaz de France. EDF souhaite également acquérir British Energy pour un prix d'acquisition d'environ 14 milliards d'euros. Pour le moment le gouvernement britannique n'a pas donné son accord.