En modifiant cet après-midi la loi sur les faillites, le gouvernement italien de Silvio Berlusconi permet le sauvetage d'Alitalia. La société pourra mettre en oeuvre le plan de relance voté demain par son conseil d'administration. Faisant fi d'une loi antitrust, les actifs d'Air One, la deuxième compagnie aérienne du pays, seront intégrés à la nouvelle Alitalia. Le groupe sera scindé en deux. D'un côté, la nouvelle compagnie, saine grâce aux capitaux de 16 actionnaires italiens, de l'autre, une société plombée par les dettes et les activités sans avenir qui sera déclarée en faillite.
L"italianité" prôné par Silvio Berlusconi va toutefois coûter cher à Alitalia. Durant les négociations, les sauveteurs italiens sollicités par le Premier ministre ont en effet davantage brillé par leur sens des affaires que du patriotisme. Selon la presse italienne, si ces barons du capitalisme emmenés par Roberto Colaninno, le patron de Piaggio, ont accepté de débourser environ un milliard d'euros pour s'emparer des activités rentables, ils ont catégoriquement refusé de prendre en charge la dette d'1,2 milliard d'euros.
Conséquence, le nombre de suppressions d'emplois prévues par le plan de sauvetage baptisé "Phénix" avoisinerait les 7000 personnes, soit plus d'un tiers des effectifs totaux. L'offre d'Air France-KLM, rejetée par les syndicats et Silvio Berlusconi prévoyait 2100 suppressions de postes.
Il faut dire que les nouveaux repreneurs se sont fixés des objectifs ambitieux. Leur société devrait réaliser en 2011 un résultat d'exploitation de 250 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros.
Par ailleurs, les investisseurs accueilleraient avec plaisir d'autres contributeurs. Une radio italienne déclarait mardi que des responsables de la banque italienne Intesa Sanpaolo, instigatrice du plan "Phénix" devraient rencontrer mercredi à Paris la direction d'Air France-KLM avant de se tourner vers l'allemand Lufthansa.
Alitalia, ancienne version, publiera demain ses comptes semestriels. Au premier trimestre, le transporteur a accusé une perte avant impôts de 215 millions d'euros. Pour le semestre, les analystes tablent sur une perte de 400 millions d'euros.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Le carburant représente le tiers des coûts d'exploitation des compagnies aériennes. Selon l'Iata, si le baril de pétrole reste sur l'année à un cours moyen de 107 dollars, les pertes globales du secteur en 2008 s'élèveront à 2,3 milliards de dollars, contre 4,5 milliards de dollars de bénéfices prévisionnels encore attendus en avril. Avec un cours moyen à 135 dollars, les pertes s'élèveraient à 6 milliards. Dans un secteur où les marges sont parmi les plus faibles (inférieures à 3%) les compagnies aériennes, qui ont déjà souvent réduit radicalement leurs coûts, cherchent à accroître le prix des billets. Selon certains analystes, les compagnies américaines vont devoir augmenter leurs tarifs de 15% à 25% pour atteindre la rentabilité avec un baril de pétrole à 125 dollars. Air France a récemment annoncé une nouvelle surcharge tarifaire, la troisième depuis le 22 avril, et a choisi de majorer, pour la première fois, sur son réseau long-courrier, les vols très-long-courrier. Dans ce contexte le modèle des compagnies « low-cost » est remis en cause du fait de leur marge de manoeuvre presque nulle pour contrer le renchérissement du prix du carburant.