Le groupe pétrolier britannique Imperial Energy (-2,26% à 1212 pence) a capitulé. En acceptant l'offre de rachat de 1,4 milliard de livres (1,76 milliard d'euros) formulée par le premier producteur pétrolier indien ONGC, les dirigeants du groupe spécialisé dans l'exploration en Russie et au Kazakhstan ont confirmé une réalité économique : la montée en puissance des compagnies pétrolières asiatiques. Bras armés de leurs gouvernements, elles ont pour mission de sécuriser leurs sources d'approvisionnement en énergie. Certains analystes parient maintenant sur une contre-offre du chinois Sinopec.
Imperial Energy a donc cédé. Le mois dernier, le groupe britannique n'avait pas caché avoir reçu une offre de 1290 pence par action d'un groupe non identifié. Plusieurs sources proches du dossier avaient identifié l'acquéreur comme étant ONGC. La révision à la baisse de l'offre à 1250 pence s'explique par le reflux de plus de trois dollars du prix du baril de pétrole dans l'intervalle, ont indiqué des sources à l'agence Reuters.
"L'offre reflète de manière équitable les succès d'Imperial Energy", a déclaré le président exécutif d'Imperial, Peter Levine. En quatre ans, la capitalisation boursière est passée 2 millions de livres à 1,4 milliard, a-t-il rappelé.
"C'est un bon prix si l'on prend en compte l'affaiblissement des prix du brut, les turbulences sur les marchés financiers et les circonstances géopolitiques", ont estimé les analystes du cabinet Daniel Stewart, a rapporté l'agence Reuters.
Le groupe britannique annonce des réserves prouvées de 864 millions de dollars de barils de pétrole et 56 millions de dollars de gaz. Il est essentiellement implanté au Russie et au Kazkhstan, territoires où, pour des raisons politiques, les compagnies étrangères connaissent des difficultés croissantes pour opérer et davantage encore pour s'implanter. Or, selon des sources proches des deux parties citées par Reuters, ONGC aurait reçu le feu vert des autorités russes.
Pour autant, le dossier n'est pas bouclé. Des informations de presse relayées par des analystes n'excluent pas une contre-offre du groupe public chinois Sinopec. D'autres spécialistes évoquent une offe kazakhe ou coréenne.
En tout état de cause, cette opération démontre une nouvelle fois, après la rachat du sidérurgiste Corus par Tata Steel, l'acquisition de Jaguar et Land Rover par Tata Motors, la montée en puissance du capitalisme indien. En août 1947, l'Inde se libérait de la domination britannique. Que de chemin parcouru depuis.
(P-J.L)
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Pétrole et parapétrolier
Depuis cinq ans, de nouveaux grands consommateurs comme le Moyen-Orient et la Chine sont apparus avec une demande qui croît d'autant plus vite qu'ils subventionnent leurs prix domestiques. A côté de cette demande tendue, l'IAE (Agence internationale de l'énergie) souligne l'existence de plusieurs éléments négatifs pour l'offre de pétrole à venir. L'IAE considère, en effet, que la production des pays non membres de l'Opep devrait augmenter moins que prévu cette année, en s'accroissant seulement de 455000 barils quotidiens par rapport à l'an passé alors que l'agence tablait précédemment sur une progression de 680000 barils. Cela s'explique par des performances décevantes des champs pétrolifères de la mer du Nord, du Mexique et de certains gisements aux Etats-Unis. C'est pourquoi l'Opep, qui assure déjà près de 40% de l'approvisionnement mondial, sera sollicité.