STMicroelectronics a gagné 1,42% à 8,22 euros hier après l'annonce de la création d'une co-entreprise avec Ericsson dans le domaine des semi-conducteurs et des plates-formes pour applications mobiles. Le groupe franco-italien poursuit les grandes manoeuvres après la fusion de ses activités dans le domaine des technologies sans fil avec celles de NXP et la déconsolidation de la joint-venture avec Intel dans les mémoires flash. Sur le plan boursier, le titre a progressé de 14% en un mois grâce à la hausse du dollar, auquel il est fortement exposé.
EricssonMobile Platforms et ST-NXP Wireless vont donc fusionner au sein d'une co-entreprise détenue à parité. Cette nouvelles société sera un fournisseur de Nokia, Samsung, Sony Ericsson, LG et Sharp. Parmi les grands fabricants mondiaux de téléphone portable, seul Motorola manque à l'appel.
«Dans une industrie où l'effet de taille compte, les portefeuilles de produits complémentaires apportés par les sociétés mères à la co-entreprise donneront la dimension nécessaire et permettront des synergies importantes en valorisant et en élargissant la coopération stratégique déjà existante entre Ericsson Mobile Platforms et ST-NXP Wireless», ont affirmé STMicroelectronics et Ericsson.
La co-entreprise a réalisé en 2007 un chiffre d'affaires pro-forma de 3,6 milliards de dollars et emploie 8000 collaborateurs. Alors que STMicroelectronics évolue vers un modèle d'activité dit « fab-light », qui consiste à ne pas détenir en propre ses capacités de production, les deux groupes ont précisé que la nouvelle société n'aura pas d'unité de fabrication de tranches de silicium.
La co-entreprise rachètera auprès de ses deux sociétés mères, les actifs qui lui seront pertinents. A l'issue de ces acquisitions, la co-entreprise disposera d'une trésorerie d'environ 400 millions de dollars. Ericsson apportera à la co-entreprise une contribution nette de 1,1 milliard de dollars, dont 700 millions de dollars seront payés par la co-entreprise à STMicroelectronics. La co-entreprise sera soumise aux approbations réglementaires usuelles. Par ailleurs, le groupe franco-italien a prévu d'exercer son OPTION de rachat des 20% de NXP dans ST-NXP Wireless avant la clôture de cette opération.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Le groupe STMicroelectronics a été créé en juin 1987 à la suite du regroupement de Thomson Semiconducteurs (France) et de SGS Microelettronica (Italie). En mai 1998, SGS-Thomson Microelectronics a pris le nom de STMicroelectronics. Le groupe franco-italien est l'un des premiers fabricants mondiaux de semi-conducteurs et le premier européen. Il exerce son activité dans plusieurs domaines : les télécommunications, l'électronique grand public, l'informatique ou encore l'automobile. Le groupe réalise une grande partie de ses ventes en Asie-Pacifique puis en Europe et en Amérique du Nord et enfin dans les pays émergents. Le groupe compte près de 50.000 employés, 16 unités de recherche et développement avancées, 39 centres de conception et d'applications, 15 principaux sites de production et 78 bureaux de vente dans 36 pays.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- STM évolue vers un modèle d'activité dit « fab-light », qui consiste à ne pas détenir en propre ses capacités de production. Le groupe devrait ainsi améliorer ses marges.
- Avec un portefeuille de produits " différenciés ", STMicroelectronics a noué des partenariats stratégiques avec ses principaux clients, notamment dans le secteur des télécommunications et de l'électronique grand public.
- La structure financière de ST Microelectronics est saine.
- Le groupe a annoncé la création d'une entreprise commune avec Intel dans les mémoires flash, baptisée Numonyx. La cession de la division mémoires flash permettra au groupe de s'alléger d'un fardeau, cette activité affichant de faibles marges et étant fortement consommatrice de capitaux.
Les points faibles de la valeur
- STM évolue dans un secteur extrêmement concurrentiel et fortement cyclique qui alterne phases de surcapacités et de sous-capacités.
- Le groupe réalise une part importante de son chiffre d'affaires avec Nokia, ce qui lui confère une importante exposition à la santé du fabricant finlandais de téléphones mobiles.
- le groupe présente une structure de coûts plus rigide que celle de ses concurrents.
- Si le groupe publie ses comptes dans la devise américaine, une grande partie de ses coûts reste libellée en euros. Le groupe met toutefois en place une politique de change qui le protège partiellement des fluctuations à la hausse comme à la baisse.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le niveau d'activité des fabricants de semi-conducteurs est bien évidemment lié à l'évolution des principaux débouchés du secteur (informatique, téléphonie mobile, électronique grand public, électronique embarquée, ou encore la domotique). Ainsi, le secteur est fortement cyclique, c'est-à-dire qu'il varie en fonction de la conjoncture et, plus particulièrement, en fonction du marché des équipements électriques et électroniques.
- Parallèlement, le niveau des stocks mondiaux de semi-conducteurs est un bon indicateur de tendance. En général, plus il est élevé, plus la demande est faible, et plus les capacités de production sont excédentaires, donc peu rentables.
- Certains analystes considèrent que le marché des semi-conducteurs est désormais un marché mature, qui ne devrait plus afficher des taux de croissance supérieurs à 15 %. On peut s'attendre à voir se former à l'avenir des alliances entre les différents acteurs du secteur.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
Selon l'institut GfK, après trois mois de morosité, le marché de l'électronique grand public a connu une nette amélioration en avril. Toutes les familles de produits ont bénéficié d'une croissance de leur activité. C'est notamment le cas pour les téléviseurs à écran plasma et les LCD, qui continuent de tirer la croissance du secteur. Pour la première fois depuis treize mois, les ventes de lecteurs et enregistreurs de DVD ont même augmenté. Les ventes de caméscopes sont également en progrès, avec une hausse sensible des modèles haute définition et à disque dur. Les GPS et les baladeurs MP3 et multimédias se sont aussi développés par comparaison au premier trimestre. L'année fiscale 2007-2008, qui s'est clôturée en mars, a été difficile pour certains groupes japonais de l'électronique grand public. Toshiba et Sharp ont subi une dégradation de leurs performances du fait d'une concurrence exacerbée, de la faiblesse du dollar et du ralentissement économique américain. Le cabinet d'études DisplaySearch estime que le sud-coréen LG Electronics est devenu, au premier trimestre 2008, le premier fabricant mondial d'écrans plasma avec 34,8% du marché, grâce à la progression de 97% de ses ventes en volume. Pour la première fois, le Japonais Panasonic, leader historique du marché, est relégué à la troisième place derrière Samsung avec 27% du marché, contre 36,8% au dernier trimestre 2007.
Semi-conducteurs
La SIA (Semiconductor Industry Association) estime que la concurrence grandissante sur le segment des mémoires, principalement les DRAM, devrait peser sur la croissance du marché des semi-conducteurs en 2008. Elle a ainsi revu en baisse ses prévisions pour cette année, tablant cette fois sur des revenus en progression de 4,3%, contre +7,7% auparavant. Ces prévisions sont similaires à celles de Gartner, qui estime que le secteur global ne devrait progresser que de 4,6% cette année. De nombreux analystes considèrent que la pression sur les prix pourrait favoriser la concentration du marché des semi-conducteurs, encore fragmenté. Ceci, dans un contexte où la croissance des dernières années a permis aux grands groupes de consolider leur trésorerie. C'est le cas de Texas Instruments, qui dispose de 1,45 milliard de dollars de liquidités. Les fonds de capital-développement ont déjà initié le mouvement en rachetant de nombreuses sociétés en 2006 et 2007, telles que NXP, l'ancien Philips Semiconductors, ou Fresscale, la division semi-conducteurs de Motorola.