Saint-Gobain (-5,71% à 40,78 euros) a clôturé mardi à l'avant-dernière place du CAC 40, affecté par l'avertissement sur résultats du premier fabricant mondial de briques en terre cuite, l'autrichien Wienerberger. Le groupe table pour l'ensemble de l'année sur un profit en baisse de 15% en raison de la crise de la construction aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe de l'Est, où il est très bien implanté.
Wienerberger envisage de réduire ses investissements sur 25 usines et de revoir à la baisse le montant du dividende. Au deuxième trimestre, son bénéfice a plongé de 39% pour des ventes en repli de 4%. C'est aux Etats-Unis que le ralentissement s'est fait le plus violent. Le chiffre d'affaires de l'autrichien y a fondu de 27%. Au final, l'Ebitda accuse une baisse de 14% au deuxième trimestre.
Les perspectives dégradées de Wienerberger ont ravivé le doute chez les actionnaires de Saint-Gobain. Début juillet, l'autrichien avait déjà lancé un profit warning en évoquant une chute du marché de la construction résidentielle en Grande Bretagne et aux Etats-Unis "plus importante qu'attendu". Le géant français l'avait imité moins de quinze jours plus tard à l'occasion de la publication de ses résultats semestriels.
Fin juillet, la direction a dit anticiper une absence d'amélioration de l'économie américaine et une poursuite du ralentissement du marché de la construction en Europe occidentale et de l'inflation du coût des matières premières et de l'énergie.
Une situation qui a conduit Saint-Gobain à abaisser ses objectifs pour l'ensemble de 2008. Il vise désormais le maintien du résultat d'exploitation à un niveau «proche de celui de 2007». Le groupe a annoncé par ailleurs une amplification des programmes de réductions de coûts engagés dans plusieurs pays. Ces programmes conduisent, a précisé Saint-Gobain, à des réductions d'effectifs de 6 000 personnes en année pleine.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Saint-Gobain est un groupe industriel organisé en cinq pôles opérationnels: la distribution bâtiment, les matériaux haute performance (céramiques & plastiques, abrasifs et renforcement), le vitrage, le conditionnement et les produits pour la construction (matériaux de construction, isolation et canalisation). Saint-Gobain est de plus le premier verrier mondial. Présent dans 49 pays à travers le monde, Saint-Gobain est l'un des cent premiers groupes industriels mondiaux. En 2005, au terme d'une bataille acharnée de quatre mois, Saint-Gobain a finalement réussi son OPA sur le numéro un mondial du placoplâtre, le britannique BPB, pour un montant de 5,8 milliards d'euros. Il s'agit de la plus importante acquisition de son histoire. Ce leader mondial des matériau, véritable poids de lourd de 35 milliards d'euros -capitalisation et dettes comprises-, a suscité de nombreuses spéculations en 2006. Une rumeur de rachat par Lafarge puis de Leverage Buy Out (LBO) lancé par un fonds d'investissement avait déjà dopé le titre en 2006. Deux opérations qui n'ont jamais eu lieu.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- La distribution est devenue la plus importante division du groupe en termes de revenus. Elle génère un flux de cash stable pour une intensité en capital plus faible que les autres divisions du groupe.
- Pierre-André de CHALENDAR a succédé à Jean-Louis BEFFA comme Directeur Général en juin 2007. Les analystes espèrent du nouveau management une meilleure discipline financière et la création de valeur.
- Saint-Gobain est régulièrement la cible de rumeurs d'OPA.
- La variété de ses marchés finaux (automobile, bâtiment, aménagement de la maison, etc.) rend Saint-Gobain moins sensible aux aléas économiques et lui assure une certaine récurrence des revenus.
- Saint-Gobain sous-performe le marché depuis plusieurs années. En 2006, l'action a progressé de 26,7% contre + 35,9% pour l'indice DJ Stoxx Construction. Le titre amorce son rattrapage depuis 2007. Les bureaux d'études semblent commencer juste à intégrer la stratégie du groupe concentré autour de trois branches : les produits pour la construction, les matériaux innovants et la distribution pour le bâtiment.
- Saint-Gobain pourrait céder son pôle conditionnement afin d'achever son positionnement sur les métiers de la construction. Les analystes en attendent un produit de vente entre 4,5 et 5 milliards d'euros.
- Le groupe a porté ses objectifs de rentabilité de capitaux investis de 22% à 25% d'ici 2010. Un plan d'économie de 300 millions sur trois ans a été annoncé.
Les points faibles de la valeur
- Saint-Gobain doit faire face à la hausse des coûts énergétiques et au déclin du marché du logement américain.
- Le groupe a été handicapé par les procès aux Etats-Unis mettant en cause sa responsabilité dans le domaine de l'amiante.
- Les bureaux d'études ont reproché à Saint-Gobain son "mix business" trop proche d'un conglomérat, avec un portefeuille d'activité trop important.
- La commission européenne a lancé en avril 2007 une procédure contre plusieurs fabricants de verre automobile, dont Saint-Gobain, qu'elle soupçonne de cartel. Le français a rapidement passé dans ses comptes du premier semestre une provision de 650 millions d'euros pour faire face aux futures amendes. Le jugement final de cette affaire devrait cependant être tardif, éloignant ainsi la perspective d'une sortie effective de cash.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Les cours des matières premières qui sont à la base des produits de Saint-Gobain doivent être surveillés.
- L'évolution du cours de Saint-Gobain est liée à celle du secteur de la construction. Il faut donc suivre de près les indicateurs du bâtiment (mises en chantiers, permis de construire…).
- La cession du pôle conditionnement est partculièrement attendue par les marchés.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
La France pourrait manquer de matériaux de construction, en particulier de granulats, en raison des contraintes administratives liées à leur extraction et des projets du gouvernement en matière de nouveaux logements et d'infrastructures, estime l'UNICEM (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction). Les granulats (sables, graviers) représentent la majorité des matériaux de construction. Ils sont notamment incorporés au ciment pour faire du béton et utilisés dans les travaux publics pour construire notamment les routes et les ponts. La pénurie de matériaux de construction résulte de deux tendances : une chute du nombre de carrières, tombé à 3000 aujourd'hui contre 5000 il y a 20 ans. A cela s'ajoute la construction prévue de 500000 logements par an au cours des prochaines années, dans le cadre du Grenelle de l'environnement.