Sans nul doute, le secteur de la chimie gardera longtemps en mémoire la période actuelle qui voit la flambée des prix des matières premières et de l'énergie rogner sans vergogne les marges des multinationales du secteur les plus éprouvées. Désarroi déjà roi dans le monde de la chimie ? En dévoilant des résultats semestriels "clairement décevants" selon les propos même de son P-DG, Brendon Cummins, le groupe bâlois Ciba a clairement touché le moral des investisseurs. A Zurich, le titre plonge de 16,18% à 26,74 francs suisses.
Le groupe helvétique a subi "une pression intense" sur sa marge, en raison de "la forte hausse des prix de l'énergie et des matières premières", a expliqué son dirigeant ce matin.
Au premier semestre en effet, Ciba accuse une perte nette de 569 millions de francs suisses, contre un bénéfice net de 103 millions de francs suisses un an plus tôt. Le groupe a comptabilisé un correctif de valeur de 595 millions dans ses activités déficitaires de la chimie du papier, qu'il envisage de céder.
Le résultat opérationnel (Ebit) avant restructuration a chuté de 41% à 161 millions de francs. Le chiffre d'affaires s'est établi à 3,088 milliards de francs, en recul de 7% en francs par rapport à la même période de l'an passé mais stable en monnaies locales.
Sur l'ensemble de l'exercice, Ciba vise une hausse de son chiffre d'affaires en monnaies locales, à condition que l'environnement de marché ne se dégrade pas davantage.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Les pétrochimistes européens sont confrontés à un environnement extrêmement difficile sous la pression d'un double impact négatif. A celui causé par des niveaux historiquement élevés du prix du baril de pétrole s'ajoute l'effet pénalisant du bond du prix du naphta, l'une des principales matières premières utilisées par les pétrochimistes français et européens. La tonne de naphta a franchi la barre de 1000 dollars début 2008, soit 60% de plus que la moyenne sur 2007. Les acteurs cherchent à répercuter auprès de leurs clients l'envolée de leur facture énergétique par une augmentation de leurs prix. Ainsi, au cours des deux premiers mois de l'année, les prix des produits pétrochimiques ont progressé de 9% en Europe, selon les données du Cefic, l'organisme professionnel européen. Néanmoins ils éprouvent des difficultés croissantes à mener cette politique car ils craignent que leurs clients (fabricants d'emballages, de matériaux d'isolation pour le bâtiment, ou constructeurs automobiles) ne modifient durablement leurs approvisionnements pour limiter le poids des substances chimiques de leurs produits et réduire ainsi leurs coûts. Par conséquent, déjà pénalisées en 2007, les marges pétrochimiques risquent de se détériorer davantage ces prochains mois.