Un an après s'être séparé du constructeur automobile allemand Daimler, l'américain Chrysler, aux mains du fonds d'investissement Cerberus, cherche activement à former de nouvelles alliances avec d'autres constructeurs, mais de moindre envergure.
Chrysler, qui lutte pour conserver la troisième place sur le marché américain, est entré en discussions avec des constructeurs en Russie, en Inde et en Chine en vue d'un partenariat, a indiqué mercredi son numéro un Tom LaSorda.
Ces alliances auraient pour but d'étendre la présence de Chrysler au niveau mondial et de trouver des relais de croissance là où le marché américain est en repli continu depuis huit mois et devrait poursuivre son recul jusqu'en 2009, prédisent les analystes.
C'est aussi une réponse à un durcissement de la concurrence, selon le constructeur, qui est en pleine refonte de sa gamme pour mieux s'aligner sur les modèles économes en carburant de ses rivaux asiatiques.
"Dans les cinq à dix prochaines années, je vois de la consolidation dans toutes les régions du monde", a indiqué le PDG de Chrysler, lors d'une conférence sectorielle à Traverse City (Michigan, nord).
"Il faut nous attendre", selon lui, "à voir les constructeurs chinois exporter en Amérique du nord prochainement, et à voir les Européens produire et vendre leurs petites voitures ici mais aussi les réexporter en Europe pour tirer profit du dollar faible".
Le scénario de constructeurs chinois bâtissant des usines aux Etats-Unis est peu probable, selon M. LaSorda, qui envisage toutefois que les constructeurs chinois produisent des voitures en Inde et en Russie pour éviter des barrières à l'importation élevées.
Pour un partenariat en Russie, Chrysler espère "voir la lumière au bout du tunnel d'ici la fin de l'année", a indiqué ce dernier.
Le dirigeant n'a pas donné les noms des firmes avec lesquelles il était en contact en Inde, en Russie et en Chine, citant seulement le chinois Great Wall Motor.
Pour les autres pays, "il s'agirait plutôt de travailler avec d'autres constructeurs sur des points spécifiques, comme les plates-formes ou la mise en commun d'achats", a-t-il évoqué.
Le constructeur italien Fiat a approché "plusieurs constructeurs" aux Etats-Unis, a-t-il au passage indiqué, avec l'idée d'accéder aux capacités de production actuellement en excédent dans le pays. "A ce stade, il n'y a rien de formel", a toutefois précisé le PDG, "mais nous avons reçu une demande d'informations".
En matière de partenariats déjà en vigueur, Chrysler doit lancer l'an prochain au Mexique et d'autres pays d'Amérique latine un modèle produit par le constructeur chinois Chery. Ce lancement a été retardé à plusieurs reprises en raison de problèmes de qualité.
"Nous n'y apposerons notre marque que lorsque nous serons sûrs que le modèle répond à tous NOS critères", a dit le PDG.
Chrysler a également commencé à produire un minivan pour le groupe allemand Volkswagen, qui sera vendu aux Etats-Unis l'an prochain.
M. LaSorda n'a pas voulu préciser si ce genre d'alliance ciblée pouvait déboucher à terme sur une fusion pure et simple. Selon des sources internes, un tel scénario est peu envisageable tant que Chrysler n'aura pas pleinement récupéré de son union avortée avec Daimler.
Interrogé sur une éventuelle alliance avec le constructeur japonais Nissan --qui a discuté, sans succès, avec General Motors il y a deux ans en vue d'un rapprochement-- M. LaSorda l'a jugé possible mais improbable, ajoutant que "nous sommes assez occupés en ce moment".
Le PDG a tenu à rassurer sur la stabilité actuelle de l'actionnariat de Chrysler, le fonds d'investissement Cerberus n'ayant selon lui pas l'intention de revendre sa participation.
"Ils sont là pour le long terme. Je ne sais pas ce qu'il se passera dans trois ou cinq ans, nous ne participons pas à ces discussions. Nous sommes assez accaparés par le redressement de nos activités", a-t-il fait valoir.