Soitec a connu une forte hausse en fin de semaine dernière, soutenu, comme les valeurs françaises exposées au dollar, par l'accélération du déclin de l'euro face à la devise américaine. Depuis le début de la semaine, la monnaie unique a perdu plus 5 cents. Son repli s'est accéléré depuis jeudi dernier à la suite des déclarations du président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, au sujet de la dégradation de la conjoncture dans la zone euro.
Celle-ci a trouvé une illustration flagrante dans l'annonce ce matin d'une baisse de 0,3% du PIB de l'Italie au deuxième trimestre, là où les économistes visaient une stabilité.
L'essentiel de la production de Soitec est concentré en France alors que les ventes sont majoritairement libellées en dollar. Toute évolution défavorable de la parité dollar/euro a donc un impact négatif sur les résultats du groupe publiés en euros dans la mesure où une baisse du chiffre d'affaires n'est pas compensée par une baisse équivalente sur la base de coûts.
Dans son rapport annuel 2007/08, Soitec indiquait, à titre d'information, que la marge opérationnelle publiée au titre de l'exercice 2006-2007, soit 13% du chiffre d'affaires, équivalait à une marge de 10,8% au taux de change constaté sur l'exercice 2007-2008.
Afin de limiter cet effet défavorable des changes, le groupe a construit une usine à Singapour qui est pour l'instant en cours de qualification. Selon un analyste, elle ne devrait pas générer un chiffre d'affaires significatif avant 2009.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Soitec est le leader mondial dans la fourniture de matériaux avancés pour l'industrie microélectronique de pointe, et en particulier des nanotechnologies. Basé à Bernin, France, Soitec produit une gamme étendue de matériaux avancés, dont notamment le SOI (Silicon On Insulator - Silicium sur Isolant) et le sSOI (strained Silicon On Insulator - Silicium contraint sur Isolant ), basée sur sa technologie Smart Cut dont il possède les droits exclusifs jusqu'à 2013, aujourd'hui le standard de l'industrie.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- La technologie SOI développée par Soitec présente un avantage concurrentiel considérable reconnu par tous les grands acteurs du secteur. A travers SmartCut, Soitec a réussi en quelques années à imposer son standard de fabrication. Smart Cut représente 95% du marché du SOI.
- Les matériaux SOI apparaissent de plus en plus incontournables dans l'industrie des semi-conducteurs. Leur utilisation croissante dans les produits grand public est en voie de se réaliser grâce à la capacité industrielle de Soitec de les fabriquer en très grande série à des coûts compétitifs.
-En conjuguant la production industrielle de SOI et son process de fabrication, le groupe peut profiter de la croissance touchant l'ensemble de son marché.
Les points faibles de la valeur
-La concentration des clients de Soitec lui nuit: environ 70% du chiffre d'affaires est réalisé avec AMD et IBM. De plus, la visibilité sur leur activité avec Soitec est faible.
- Le groupe est fortement dépendant du dollar (la quasi-totalité des ventes est facturée dans la monnaie américaine).
- La croissance du marché du SOI pourrait s'accompagner de fortes baisses de prix.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Soitec est une valeur de croissance. Par ailleurs, en tant qu'équipementier pour l'industrie des semi-conducteurs, Soitec est dépendant du niveau des commandes passées par les fabricants de puces, lequel est bien évidemment lié à l'évolution des principaux débouchés du secteur (informatique, téléphonie mobile, électronique grand public, électronique embarquée, ou encore la domotique). Ainsi, le secteur des semi-conducteurs dans son ensemble est fortement cyclique, c'est-à-dire qu'il varie en fonction de la conjoncture et, plus particulièrement, en fonction du marché des équipements électriques et électroniques.
- La variation du titre Soitec s'inspire beaucoup de l'actualité du fabricant de processeurs californien AMD et d'IBM, qui sont ses principaux clients.
- Intel n'a toujours pas clairement défini sa position concernant les matériaux SOI. Un pas vers le SOI aurait des retombées considérables pour Soitec.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
Selon l'institut GfK, après trois mois de morosité, le marché de l'électronique grand public a connu une nette amélioration en avril. Toutes les familles de produits ont bénéficié d'une croissance de leur activité. C'est notamment le cas pour les téléviseurs à écran plasma et les LCD, qui continuent de tirer la croissance du secteur. Pour la première fois depuis treize mois, les ventes de lecteurs et enregistreurs de DVD ont même augmenté. Les ventes de caméscopes sont également en progrès, avec une hausse sensible des modèles haute définition et à disque dur. Les GPS et les baladeurs MP3 et multimédias se sont aussi développés par comparaison au premier trimestre. L'année fiscale 2007-2008, qui s'est clôturée en mars, a été difficile pour certains groupes japonais de l'électronique grand public. Toshiba et Sharp ont subi une dégradation de leurs performances du fait d'une concurrence exacerbée, de la faiblesse du dollar et du ralentissement économique américain. Le cabinet d'études DisplaySearch estime que le sud-coréen LG Electronics est devenu, au premier trimestre 2008, le premier fabricant mondial d'écrans plasma avec 34,8% du marché, grâce à la progression de 97% de ses ventes en volume. Pour la première fois, le Japonais Panasonic, leader historique du marché, est relégué à la troisième place derrière Samsung avec 27% du marché, contre 36,8% au dernier trimestre 2007.
Semi-conducteurs
La SIA (Semiconductor Industry Association) estime que la concurrence grandissante sur le segment des mémoires, principalement les DRAM, devrait peser sur la croissance du marché des semi-conducteurs en 2008. Elle a ainsi revu en baisse ses prévisions pour cette année, tablant cette fois sur des revenus en progression de 4,3%, contre +7,7% auparavant. Ces prévisions sont similaires à celles de Gartner, qui estime que le secteur global ne devrait progresser que de 4,6% cette année. De nombreux analystes considèrent que la pression sur les prix pourrait favoriser la concentration du marché des semi-conducteurs, encore fragmenté. Ceci, dans un contexte où la croissance des dernières années a permis aux grands groupes de consolider leur trésorerie. C'est le cas de Texas Instruments, qui dispose de 1,45 milliard de dollars de liquidités. Les fonds de capital-développement ont déjà initié le mouvement en rachetant de nombreuses sociétés en 2006 et 2007, telles que NXP, l'ancien Philips Semiconductors, ou Fresscale, la division semi-conducteurs de Motorola.