La récolte de blé en France pour 2008 devrait être l'une des plus importantes de la décennie en raison de meilleurs rendements, grâce notamment à des conditions climatiques clémentes et à un accroissement des surfaces cultivées.
Au niveau mondial aussi, la récolte promet de battre des records. Le Conseil international des céréales (CIC) a relevé, fin juillet, à la hausse ses prévisions. La production de blé tendre, celle qui est utilisée pour le pain, devrait s'élever à 624 millions de tonnes, soit une progression d'environ 9%.
Un bon millésime qui devrait stabiliser les cours de cette céréale après la fièvre de ces derniers mois, selon Patrice Germain, directeur général adjoint de l'Office national interprofessionnel des grandes cultures (Onigc).
En France, alors que la moisson est presque terminée, l'Onigc a annoncé vendredi prévoir une production 2008 d'environ 37 millions de tonnes de blé, soit 20% de plus que l'année dernière.
Si ces prévisions se révèlent exactes, la récolte figurera parmi les records de ces dix dernières années après le très bon score de 2004 (37,6 Mt) et surtout la moisson "historique" de 1998 (38,2 Mt).
Deux facteurs expliquent la bonne santé de cette culture dont la France est le premier producteur européen. Tout d'abord l'accroissement des surfaces cultivées: avec 200.000 hectares supplémentaires, la superficie consacrée au blé a occupé plus de 5 millions d'hectares.
Cette augmentation est due à la réduction des surfaces dédiées à la jachère, une décision prise en 2007 par Bruxelles pour tenter de juguler l'envolée des prix des matières premières agricoles.
"Il y a eu aussi l'arbitrage des agriculteurs au sein des productions" qui ont délaissé certaines cultures au profit du blé "jugé plus intéressant", a expliqué Jacques Mathieu, directeur général adjoint d'Arvalis, institut du végétal, organisme de recherche sur les céréales, interrogé par l'AFP.
Parmi les cultures de plus en plus marginalisées figurent les protéagineux, légumes riches en protéines comme les pois et les féveroles (sortes de fèves) qui servent surtout à l'alimentation animale.
L'amélioration des rendements explique aussi cette récolte faste. Avec une moyenne de 73 quintaux à l'hectare, c'est 9 q/ha de plus que l'année dernière. Les rendements les plus élevés montent même jusqu'à 90 q/ha.
En 2007 "nous avons eu de gros problèmes de rendement, largement dus à un climat défavorable, pluvieux et froid" qui avaient entraîné "d'importantes attaques de maladies pendant la période de croissance de la plante et aussi en fin de cycle", a rappelé M. Mathieu.
Mais cette année, un climat plus favorable, notamment au nord de la Seine, principale région de production, et "des agriculteurs très vigilants sur les maladies après s'être faits, pour certains, piégés l'an dernier" expliquent cette récolte "proche des records", toujours selon M. Mathieu.
La qualité du blé est elle aussi "globalement satisfaisante" avec une teneur en protéines "qui nous permettra de satisfaire l'ensemble des marchés, aussi bien pour faire du biscuit, de l'éthanol ou de l'aliment de bétail", a encore affirmé M. Mathieu. De quoi doper aussi les exportations françaises.
La production en blé dur (pour les pâtes alimentaires, la graine de couscous, etc.) est aussi en forte hausse, à 2,2 millions de tonnes.
La récolte d'orge (avec lequel on fait notamment du malt pour la bière) promet aussi de battre des records, avec 12 millions de tonnes. Sa qualité, "presque à un niveau idéal pour la malterie", devrait permettre à la France de bien se positionner sur le marché chinois.