Rhodia a enregistré hier une progression largement supérieure à celle des autres valeurs du marché SRD grâce à des résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le groupe chimique a enregistré au deuxième trimestre un résultat net de 35 millions d'euros contre 3 millions d'euros un an auparavant.
Son EBITDA récurrent, c'est-à-dire avant restructuration et autres produits et charges opérationnels, s'est élevé à 187 millions d'euros, en baisse de 4,6%. A structure et taux de change constant, il a progressé de 1,1%. Les analystes interrogés par Reuters tablaient sur un EBITDA récurrent de 175 millions d'euros.
Rhodia a expliqué que l'augmentation des prix des produits du groupe de 95 millions d'euros a largement compensé les 78 millions de hausse des coûts des matières premières et de l'énergie. L'effet de change a été négatif à hauteur de 23 millions d'euros.
Le chiffre d'affaires est ressorti à 1,23 milliard d'euros, en augmentation de 5% grâce à un effet positif de 8,1% des hausses de prix en monnaie locale. Les volumes ont été comparables à ceux du deuxième trimestre 2007, Rhodia donnant la priorité aux prix. L'évolution des changes a eu un impact négatif de 3,5%.
«Une fois de plus, notre capacité à passer des hausses de prix nous a permis de compenser la flambée des coûts des matières premières et de l'énergie» a déclaré Jean-Pierre Clamadieu, président-directeur général de Rhodia. «Dans un ENVIRONNEMENT où la demande reste satisfaisante, nous continuerons à privilégier les augmentations de prix. Malgré le défi que constituent le coût des matières premières et les variations monétaires, nous sommes confiants dans les performances de NOS activités.»
Enfin, le groupe chimique a confirmé ses objectifs 2008. Dans les conditions économiques actuelles, Rhodia s'attend à ce que l'écart entre l'Ebitda récurrent de 2008 et celui généré en 2007 soit inférieur à 5 %. Le résultat net par action est attendu en progression.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Ancienne filiale de Rhône-Poulenc, devenu Aventis (aujourd'hui Sanofi-Aventis), Rhodia est l'un des 10 leaders mondiaux de la chimie de spécialités. Partenaires des grands acteurs des marchés de l'automobile, de l'électronique, des fibres, de la pharmacie, de l'agrochimie, des produits de consommation, des pneumatiques et des peintures et revêtements, Rhodia propose des solutions sur mesure combinant molécules et technologies originales répondant aux enjeux de ses clients. L'organisation du groupe repose sur 9 entreprises qui s'articulent en deux groupes constituant les pôles stratégiques de Rhodia : Matériaux et Services de Spécialités et Chimie d'applications. A terme, l'objectif est d'intégrer la Chimie Fine à l'un des deux précédents pôles. Le groupe emploie 20000 personnes dans le monde.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Rhodia est positionné sur la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base.
- L'émission d'Oceanes devrait permettre au chimiste français de rembourser le solde de ses emprunts obligataires les plus chers à échéance 2010 et 2011 dont le taux d'intérêt moyen est proche de 9%. Le groupe a réussi son plan de refinancement et sécurisé la situation de sa liquidité à moyen terme, grâce à une augmentation de capital, une émission obligataire et de nouvelles lignes bancaires. Sa dette a été ramenée de 3 milliards en 2003 à 1,6 milliard d'euros en 2006.
- Rhodia a tenu ses engagements de redimensionnement de ses activités et de réduction des coûts.
-Les agences de notation Standard & Poor's et Moody's ont respectivement relevé leur notation sur le chimiste à BB- et à Ba3 afin de refléter l'amélioration de la structure de capital.
- Avec le retournement du cycle de la chimie, le groupe peut désormais répercuter une partie de ses hausses de coûts dans les prix.
- Rhodia devrait disposer de 11 à 13 millions de tonnes de CER par an à partir de 2007, et ce jusqu'en 2013. Rappelons que ces crédits, ou droits à polluer, sont attribués aux sociétés qui réduisent le niveau d'émission de CO2, dans le cadre du protocole de Kyoto. Elles peuvent les utiliser pour leurs propres besoins (sur d'autres sites polluants) ou les revendre, comme c'est le cas pour Rhodia grâce aux efforts consentis par le groupe au Brésil et en Corée. La valeur de ces crédits déterminée par la rencontre de l'offre et de la demande représente une part importante de la valorisation boursière de Rhodia.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe traîne des "passifs environnementaux". Il a d'ailleurs intenté en vain une action contre son ancienne maison-mère Aventis afin d'obtenir l'indemnisation des passifs liés aux sites de Silver Bow (US) et de Cubatao (Brésil).
- Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar.
- Les marges dégagées par les différents pôles du groupe sont très disparates.
- Certains actionnaires minoritaires mènent une fronde contre la direction du groupe et plusieurs de ses administrateurs liés à Aventis. De son côté, l'AMF a estimé que le groupe a diffusé ces dernières années des informations inexactes et imprécises.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique.
- Depuis le redressement du groupe, Rhodia est également considéré comme une valeur de retournement (recovery), à haut risque toutefois.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Les pétrochimistes européens sont confrontés à un environnement extrêmement difficile sous la pression d'un double impact négatif. A celui causé par des niveaux historiquement élevés du prix du baril de pétrole s'ajoute l'effet pénalisant du bond du prix du naphta, l'une des principales matières premières utilisées par les pétrochimistes français et européens. La tonne de naphta a franchi la barre de 1000 dollars début 2008, soit 60% de plus que la moyenne sur 2007. Les acteurs cherchent à répercuter auprès de leurs clients l'envolée de leur facture énergétique par une augmentation de leurs prix. Ainsi, au cours des deux premiers mois de l'année, les prix des produits pétrochimiques ont progressé de 9% en Europe, selon les données du Cefic, l'organisme professionnel européen. Néanmoins ils éprouvent des difficultés croissantes à mener cette politique car ils craignent que leurs clients (fabricants d'emballages, de matériaux d'isolation pour le bâtiment, ou constructeurs automobiles) ne modifient durablement leurs approvisionnements pour limiter le poids des substances chimiques de leurs produits et réduire ainsi leurs coûts. Par conséquent, déjà pénalisées en 2007, les marges pétrochimiques risquent de se détériorer davantage ces prochains mois.