Merck KGaA est l'une des rares valeurs européennes à ne pas profiter de l'optimisme des marchés. Le laboratoire pharmaceutique allemand (-3,78% à 77,84 euros) est en queue de peloton du Dax en raison d'un deuxième trimestre décevant. Pourtant le métier principal du groupe, la pharmacie, a fait son office. Les ventes de l'Erbitux, son médicament vedette, ont bondi de 24%. C'est l'activité de cristaux liquides qui a donc marqué le pas. Logique. Lorsque la conjoncture se dégrade, les ménages ne se précipitent plus sur les téléviseurs. Les effets de change défavorables ont fait le reste.
Merck KGaA a donc publié ce matin des résultats inférieurs aux attentes. Au deuxième trimestre, le bénéfice net du laboratoire allemand s'est établi à 207,4 millions d'euros, ou 0,95 euro par action, contre 85,5 millions d'euros, ou 0,39 euro par action un an plus tôt. Le groupe bénéficie d'un effet de base favorable lié à l'acquisition du laboratoire suisse de biotechnologies Serono. Les analystes interrogés par Bloomberg tablaient en moyenne sur 209,3 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a progressé de 12% à périmètre et change constant.
Les performances du groupe sont pénalisées par celles de la branche de cristaux liquides. Fabriqués en Allemagne, les cristaux sont vendus en partie en Asie et aux Etats-Unis. Or, ces exportations souffrent de la conversion en monnaies locales. Merck KGaA a ainsi enregistré une baisse de 13% du bénéfice d'exploitation de cette activité, abaissant sa marge opérationnelle de 55% à 45%.
"La contribution des cristaux liquides a chuté de 50% à 25%, nous voyons bien que c'est la branche Pharma qui a soutenu les performances du groupe et généré du cash flow",a déclaré à Bloomberg un analyste de la Landesbank-Baden-Wuerttemberg. "Le point négatif est la faiblesse du dollar".
Les ventes de la branche Pharmacie se sont établies à 1,24 milliard d'euros ce trimestre, en hausse de 8,3%. L'Erbitux, le médicament vedette contre le cancer du côlon, a vu ses ventes bondir de 24% à 145 millions d'euros. Le chiffre d'affaires du Rebif, contre la sclérose en plaques, a augmenté de 2,8% à 320 millions d'euros.
"Le tableau est mitigé. Si les activités de médicaments sont remarquablement solides, les cristaux liquides souffrent d'une concurrence de plus en plus féroce et des effets négatifs des taux de change", a résumé Thomas Maul, analyste chez DZ Bank cité par l'agence Reuters.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Tiré par les efforts de prévention contre des menaces telles que la grippe aviaire, et par les lancements de nouveaux produits, le marché des vaccins fait preuve d'une belle vitalité. S'il ne représente que 2% des ventes de l'industrie pharmaceutique mondiale, le secteur croît néanmoins de 15%. En tenant compte de cette progression, les vaccins devraient représenter un marché mondial de 26 milliards de dollars en 2011, contre 15,6 milliards en 2007. Il s'agit d'un marché concentré, dominé par quelques intervenants dont Sanofi Pasteur, la filiale de Sanofi-Aventis, qui est leader mondial. Elle est suivie par le britannique Glaxo-SmithKline, puis par les américains Merck et Wyeth. L'activité de ces quatre groupes, constitue environ 80% du marché mondial. Les lancements de nouveaux vaccins, ayant le profil de « blockbusters », c'est-à-dire réalisant un chiffre d'affaires potentiel supérieur au milliard de dollars, dynamisent les ventes. Ces vaccins très innovants sont commercialisés à des prix beaucoup plus élevés, impactant positivement les marges. Ainsi le vaccin Prevenar de l'américain Wyeth contre les infections à pneumocoque comme la méningite, a généré des recettes mondiales de 2,4 milliards de dollars en 2007.