Quel plébiscite pour Suez Environnement ! Dans un contexte tourmenté, le titre de la filiale à 35% de GDF Suez s'envole de 26,79% à 17,75 euros dès ses premiers pas en Bourse. Il est vrai que l'introduction sur NYSE Euronext s'est réalisée ce matin avec un prix de référence de 14 euros, soit dans le bas de fourchette de 14 à 20 euros évoquée par le directeur général Jean-Louis Chaussade. Il est vrai aussi que, confiant dans les perspectives du géant des services à l'environnement, Lehman Brothers a initié le suivi du titre avec une recommandation Surpondérer et un objectif de cours de 27 euros.
Hier, Jean-Louis Chaussade s'était déclaré lui aussi très confiant dans l'introduction. Suez Environnement "est porté par des marchés qui sont en croissance sur le long terme (..). Nos fondamentaux sont excellents", a-t-il rappelé. Pour preuve, il proposera le versement de 320 millions d'euros de dividendes aux actionnaires au titre de l'exercice 2008 et promet d'augmenter ce montant d'au moins 10% les deux années suivantes.
Numéro deux mondial des services à l'environnement avec un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros en 2007, Suez Environnement est décidé à faire de l'ombre à son rival français Veolia, champion mondial de la spécialité. Le groupe a d'ailleurs a d'ores et déjà annoncé son souhait d'intégrer le CAC 40.
Peu avant la cotation, l'actionnariat de Suez Environnement se répartissait entre GDF Suez (environ 35%), les cinq autres actionnaires membres du pacte conclu pour cinq ans (Groupe Bruxelles Lambert, la CDC, Areva, CNP Assurance et la holding belge Sofinaa, 12%, les salariés 2% et le public 51%.
Albert Frère, qui contrôle partiellement la holding Groupe Bruxelles Lambert n'a pas exclu de monter au capital de Suez Environnement. Jean-Louis Chaussade a déclaré à cette occasion qu'il était toujours heureux d'accueillir des actionnaires "qui croient en nous et qui veulent investir dans notre société. Si les actionnaires veulent augmenter leur participation, c'est leur droit".
Le nouveau groupe vise en 2008 un résultat brut d'exploitation compris entre 21,10 et 2,15 milliards d'euros, après 2 milliards en 2007. Ses investissements industriels devraient atteindre environ 4,5 milliards d'euros. Le conseil d'administration proposera le versement d'un dividende 2009, au titre de l'exercice 2008 de 0,65 euro par action. Il devra croître d'au moins 10% par ans durant les deux années suivantes.
L'endettement de Suez Environnement s'élevait fin 2007 à 5,387 milliards d'euros pour des capitaux propres de 4,257 milliards. Il vise un ratio dette nette sur Ebitda inférieur à 3 fois sur la période 2008-2010, hors impact d'éventuelles acquisitions stratégiques.
Vendredi dernier, Lehman Brothers a initié le suivi de Suez Environnement avec une recommandation Surpondérer et un objectif de cours de 27 euros. Le bureau d'études a souligné que le groupe était l'un des leaders du marché en croissance des services liés à l'environnement et qu'il disposait des ressources financières, techniques et opérationnelles pour croître et gagner des parts de marché. Enfin, l'analyste a estimé que le titre était bon marché.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Numéro deux mondial des services à l'environnement avec un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros en 2007 derrière son rival, le français Veolia Environnement, Suez Environnement a débuté le 22 juillet 2008 à la Bourse de Paris en même temps que sa maison mère GDF Suez. La scission du pôle déchets et eau de Suez a été réalisée pour réduire le périmètre de Suez et rendre possible sa fusion avec Gaz de France. Peu avant la cotation, l'actionnariat de Suez Environnement se répartissait entre GDF Suez (environ 35%), les cinq autres actionnaires membres du pacte conclu pour cinq ans (Groupe Bruxelles Lambert, la CDC, Areva, CNP Assurance et la holding belge Sofinaa, 12%, les salariés 2% et le public 51%.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Forces :
- Suez Environnement est moins endetté que Veolia Environnement : seulement 2,6 fois sont résultat opérationnel, contre plus de 3 fois pour son grand rival.
- Il dispose d'un flottant important (53%) mais aussi d'un actionnariat stable de 74%, lié par un pacte d'actionnaire de cinq ans.
-Le milliardaire belge Albert Frère, via le Groupe Bruxelles Lambert détenait 6,3% du capital le jour de l'introduction en Bourse et s'est déclaré intéressé par une montée au capital.
- Suez Environnement est un candidat sérieux à l'intégration au CAC 40.
- Le secteur d'activité (eau et déchets) bénéficie de perspectives favorables. L'eau jouit d'un marché illimité. Le recyclage profite de la hausse des prix des matières premières.
Faiblesse :
- La concurrence sera rude pour intégrer le CAC 40. Son entrée dans l'indice phare de la Bourse de Paris permettrait au titre d'améliorer sa visibilité et son suivi par de nouveaux fonds indiciels.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- -Dans les métiers de l'environnement, la croissance se construit sur plusieurs années en fonction des contrats signés dans le monde avec d'importants investissement à la clé.
- Le groupe est exposé aux législations en matière de respect environnemental, dont un durcissement est synonyme de coûts supplémentaires.
- Le groupe pourrait profiter de la montée d'Albert Frère à son capital.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le verdict des parlementaires européens, rendu mi-juin, relance le débat sur la séparation patrimoniale des activités de production et de transport des électriciens européens. En effet, en obligeant les énergéticiens européens produisant de l'électricité à céder leurs réseaux de transport, il s'oppose à l'accord conclu le 6 juin dernier à Bruxelles entre les gouvernements des Vingt-Sept, qui laissait aux opérateurs le choix de céder ou garder leurs réseaux de transport. Ils se conforment néanmoins à la proposition initiale de la Commission Européenne, qui imposait dans sa directive de 2003 une séparation juridique entre la production et la distribution d'énergie. L'objectif étant de casser les monopoles et favoriser la concurrence au profit du consommateur final. Face aux ambitions du futur groupe GDF-Suez, et pour compenser ses pertes de part de marché en France avec l'ouverture du marché à la concurrence, EDF poursuit sa politique d'internationalisation. Il est ainsi prêt à payer 515 millions d'euros pour racheter les 25,5% de GDF dans SPE, numéro deux belge de l'électricité. Néanmoins cette opération risque d'être compliquée par le fait que le Britannique Centrica dispose d'un droit de préemption pour acquérir la participation de Gaz de France. EDF souhaite également acquérir British Energy pour un prix d'acquisition d'environ 14 milliards d'euros. Pour le moment le gouvernement britannique n'a pas donné son accord.