L'ONG Transparence International France (TI) a déposé une plainte contre X visant cinq chefs d'Etat africains, dont le Gabonais Omar Bongo, qu'elle accuse de posséder en France des biens immobiliers financés par de l'argent public détourné, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Une première plainte à ce sujet avait déjà été déposée en mars 2007 par trois associations françaises, entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire sur le patrimoine de ces chefs d'Etat. Mais elle avait été classée sans suite en novembre, les investigations "n'ayant pas permis de mettre en évidence des infractions pénales", avait alors affirmé le parquet de Paris.
Déposé pour "recel de détournements d'argent public", elle vise "les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France par les chefs d'Etat Denis Sassou Nguesso (Congo), Omar Bongo (Gabon), Teodoro Obiang (Guinée Equatoriale), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Eduardo Dos Santos (Angola), ainsi que les membres de leur entourage", selon un communiqué.
Cette plainte a été déposée par TI France, organisation de lutte contre la corruption, un ressortissant gabonais et deux ressortissants congolais, "des plaignants qui justifient d'avoir payé des impôts dans leur pays et peuvent arguer d'un préjudice du fait de ces détournements", selon leur avocat Me William Bourdon.
Cette nouvelle plainte devrait entraîner un nouveau classement sans suite, a estimé Me Bourdon. Ce classement permettra ensuite aux plaignants de déposer une plainte avec constitution de partie civile, qui entraîne quasi-automatiquement l'ouverture d'une information judiciaire et la désignation d'un juge d'instruction.
"L'objectif de TI est de maintenir la pression et de refocaliser l'attention de l'opinion sur le patrimoine français des cinq chefs d'Etat", indique également l'ONG dans son communiqué, estimant qu'"il n'y aucun doute sur le fait que ce patrimoine n'a pu être acquis grâce aux seuls salaires et émoluments" des chefs d'Etat.
"Les faits sont là, on ouvre des informations judiciaire pour dix fois moins que ça", a affirmé à l'AFP Me Bourdon.
"On a vu ce qu'avait donné la précédente plainte, on ne voit pas comment celle-ci pourrait prospérer", a de son côté indiqué à l'AFP Me François Meyer, avocat de la famille Bongo. "Le président Bongo ne se sent absolument pas visé, il n'y a absolument pas de détournement de fonds publics", a-t-il déclaré.
L'enquête policière avait établi, selon le quotidien Le Monde en janvier, qu'Omar Bongo Ondimba et sa famille étaient propriétaires de 33 luxueux appartements ou maisons en France, et que Denis Sassou Nguesso disposait d'au moins trois immenses logements à Paris.
En mars, les relations se sont tendues entre Paris et Libreville, le Gabon menaçant la France de "revoir" ses relations à la suite de la diffusion du reportage de la chaîne publique France 2 sur les biens de M. Bongo en France, mais aussi de la reconduite aux frontières de deux ressortissants.