Eramet (-13,18% à 500 euros) a lourdement chuté en fin de séance hier. Le titre du groupe minier français a été affecté par le repli des cours des matières premières et des métaux. Le titre a gagné plus de 157% depuis un an, porté par le haut niveau des matières premières et des métaux mais aussi en raison de sa dimension spéculative.
Fin mai, les familles Duval et Areva ont prorogé jusqu'au 31 décembre 2008 leur pacte d'actionnaires relatif à Eramet en lui apportant différentes modifications. Les parties poursuivent leur action de concert. Le pacte se prorogera par tacite reconduction par périodes de 6 mois, sauf dénonciation avec un préavis de 15 jours. La gouvernance actuelle est maintenue.
Fin décembre 2007, des rumeurs circulaient selon lesquelles la famille Duval, désireuse depuis des mois de céder ses 37% d'Eramet, multiplierait les contacts avec des repreneurs potentiels, dont ArcelorMittal. Du côté du groupe, on avait précisé qu'"à ce stade, il n'y a aucune discussion avec ArcelorMittal autre que commerciale avec ce très grand client".
D'autres repreneurs potentiels sont régulièrement cités, comme la Caisse des Dépôts et Consignations, Romain Zaleski, qui possède déjà 13% du capital d'Eramet ou encore Areva, un des principaux actionnaires du groupe avec 26% des parts.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Exploitant des mines de nickel depuis plus d'un siècle en Nouvelle-Calédonie, Eramet est un groupe minier et métallurgique intégré, qui produit des métaux non ferreux et leurs dérivés chimiques, des aciers spéciaux à hautes performances, alliages de nickel et superalliages, et des pièces à hautes caractéristiques pour l'industrie. Ses produits : métaux de haute pureté, ferroalliages, pièces forgées et matricées, billettes et barres, tôles, fils, dérivés chimiques... sont utilisés dans l'industrie aéronautique et spatiale, la sidérurgie, les aciers inoxydables, la production d'énergie, l'outillage, la chimie, les transports, le médical...
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel.
- Grâce à la forte hausse du prix des matières premières, Eramet a engrangé d'importantes liquidités.
- Le groupe dispose d'une marge de manoeuvre financière pour procéder à d'éventuelles acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire.
- Les trois activités de groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- A suivre particulièrement l'évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l'acier inoxydable, et du manganèse.
- On s'intéressera également à la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel.
- La structure du capital et le pacte d'actionnaires entre la famille Duval (37,2 %) et Areva (26,2 %), encourage les rumeurs spéculatives sur le marché. Areva ne cache pas son intérêt pour le dernier groupe minier français. La famille Duval, quant à elle, veut lui céder sa part pour racheter Aubert & Duval, l'entreprise familiale qu'elle avait apporté à Eramet en 1999.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Selon Ernst & Young, 2008 devrait connaître une vague sans précédent d'acquisitions. Le cabinet s'attend ainsi à ce que Rio Tinto réalise cette année une opération de plus de 50 milliards de dollars. Après l'échec des pourparlers avec Xstrata, le cabinet anticipe également une opération de même envergure de la part de Vale afin de diversifier ses actifs et son implantation géographique. Ces opérations sont motivées par l'envolée des prix des métaux et donc des revenus des groupes et la possibilité qu'elles offrent de diversifier la nature des actifs miniers. A cela s'ajoute la capacité à réduire des coûts de production toujours plus élevés. Dès lors, il est plus intéressant pour un groupe de racheter des actifs miniers déjà existants que de financer pendant de longues années la découverte de nouveaux gisements. Ainsi, le groupe australien Macarthur pourrait se retrouver au coeur d'une bataille boursière entre géants miniers suite à la prise de participation de 15% d'ArcelorMittal dans son capital.