Erreur de la banque en votre faveur: 55 milliards d'euros. S'agissant de Hypo Real Estate (HRE), banque allemande nationalisée, la dette de l'Allemagne en est allégée d'autant mais on s'interroge sur la compétence du ministère des Finances.
Pour faire la lumière sur cette grossière bourde, des représentants du ministère doivent s'entretenir lundi après-midi et mercredi avec les responsables de la banque et de sa "bad bank", FMS Wertmanagement, une structure de défaisance externe créée pour stocker ses actifs à risque.
La société d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC), qui n'avait vu que du feu dans le bilan 2010 de la bad bank, a également été priée de se justifier.
"Une telle erreur, d'un tel montant, cela nous met très en colère, pour rester poli", a déclaré lundi le porte-parole du ministère des Finances Martin Kotthaus.
"Ce n'est pas le bon moment pour désigner des coupables" mais "si des fautes sont constatées il faudra en tirer les conséquences", a-t-il prévenu.
La première conséquence de cette erreur comptable révélée en fin de semaine dans la presse allemande, c'est la volée de bois vert reçue par le ministre des Finances Wolfgang Schäuble et son entourage, qui ont davantage l'habitude d'inspirer le respect.
A force de brasser des milliards avec les plans de sauvetage pour la zone euro, le ministère des Finances a "perdu la vue", a notamment ironisé le député Thomas Oppermann, l'un des porte-parole des sociaux-démocrates (SPD) à la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag.
Pour l'économiste Timo Klein, de IHS Global Insight, interrogé par l'AFP, "cela nuit clairement à l'image de l'Allemagne".
Toutefois, "on n'en est pas à se dire que l'Allemagne a les mêmes finances publiques que la Grèce par exemple. C'est une erreur, pas une manipulation des chiffres", a-t-il relativisé.
Le ministère s'est pour sa part vivement défendu: "Les bilans des sociétés ne sont pas établis et vérifiés par le ministère des Finances mais par les sociétés elles-mêmes et des experts comptables".
Il est cependant directement concerné dans l'affaire.
Car Hypo Real Estate, c'est un peu "sa" banque depuis qu'elle a été entièrement nationalisée en 2009 pour lui éviter la faillite. Son sauvetage a déjà coûté 10 milliards d'euros à l'Etat fédéral, et ce n'est sans doute pas fini car les pertes de sa bad bank sont également prises en charge.
Mise en place en 2010, FMS Wertmanagement détient entre autres quelque 7 milliards d'euros de titres de dette publique grecque.
La bad bank a annoncé une perte nette de 690 millions d'euros au premier semestre à cause de dépréciations sur ces obligations, et les capitaux initiaux de l'Etat fédéral sont déjà pratiquement épuisés.
En comparaison, l'erreur d'écriture comptable de 55 milliards d'euros dans la bad bank, est "un mal pour un bien", a encore estimé Timo Klein, sa correction ayant permis de réviser à la baisse la prévision d'endettement du pays pour cette année, à 81,1% du PIB contre 83,7% auparavant.
Ce n'est pas la première fois que Berlin s'emmêle les pinceaux avec ses banques. En septembre 2008, la banque publique KfW avait effectué un virement de 300 millions d'euros à Lehman Brothers alors que l'établissement américain venait d'annoncer sa mise en faillite.
L'anecdote avait valu à l'époque à la KfW de se faire surnommer "la banque la plus bête d'Allemagne" par le quotidien populaire Bild.