
La compagnie australienne Qantas a repris ses vols lundi après la fin du conflit social qui a affecté des dizaines de milliers de passagers et écorné sa réputation de Londres à Los Angeles, alors qu'elle était déjà déficitaire à l'international.
Un premier vol commercial a quitté Sydney pour Jakarta avec 88 passagers à 04H41 GMT.
"Nous avons déjà fait décoller plus de dix avions maintenant et nous espérons avoir pris en charge tous les passagers restés bloqués dans les 24 ou 48 heures", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la compagnie, Sophia Connolly.M
Plusieurs dizaines de milliers de voyageurs restaient en rade dans les aéroports lundi à Sydney, Melbourne, Canberra, Hong Kong, Londres ou Los Angeles. Alan Joyce, le directeur de la compagnie, a prévenu que le retour du trafic à la normale n'interviendrait pas avant mardi au moins.

"Les nuages sont passés, les gens peuvent désormais se déplacer en toute confiance avec Qantas", a-t-il toutefois assuré lundi après-midi.
Déterminé à faire plier les syndicats, Alan Joyce avait cloué au sol tous ses avions à partir de samedi 06H00 GMT, annulant 447 vols à partir de 22 aéroports, et bloquant 70.000 clients.
Cette décision exceptionnelle a été cassée dimanche par les trois membres d'une instance d'arbitrage mandatée par le gouvernement pour mettre un terme au bras-de-fer entre la direction et les syndicats.
Les médiateurs ont ordonné la fin du lock-out, et donc la reprise immédiate des vols, ainsi que l'arrêt du mouvement de grève et du gel des heures supplémentaires des salariés grévistes.
Les techniciens, personnels au sol et pilotes de Qantas réclament des augmentations de salaires et contestent le plan de redéploiement de la compagnie, qui veut concentrer ses activités internationales sur la région Asie-Pacifique.

Un ralentissement volontaire des rythmes de travail et le refus des techniciens de maintenance d'effectuer des heures supplémentaires avaient causé ces dernières semaines une importante accumulation de retards, selon la direction.
Après la décision de l'instance d'arbitrage, les partenaires sociaux ont 21 jours pour s'entendre.
Première compagnie australienne et dixième dans le monde en termes de passagers transportés, Qantas avait indiqué avant l'immobilisation de ses avions que ces mouvements de grève lui avaient coûté 68 millions de dollars australiens (51,2 millions d'euros).
Mais le conflit inquiétait tout le pays austral de 22 millions d'habitants où 500.000 personnes vivant directement du tourisme ont déjà souffert cette année de catastrophes naturelles et de taux de change défavorables.
"Trop, c'est trop !", s'était indigné samedi le directeur de l'organisme australien Tourism and Transport Forum (TTF) John Lee, exhortant le gouvernement à intervenir pour faire cesser le conflit.
Tout en prenant acte de la reprise du trafic, l'agence de notation financière Moody's a annoncé lundi qu'elle mettait sous revue la note à long terme "Baa2" de Qantas.
Moody's estime que les semaines de perturbations puis l'immobilisation de sa flotte vont "peser sur les réservations de la compagnie, sur sa rentabilité et sa valeur financière à long terme".
L'action Qantas a terminé en hausse de 4,4% à la Bourse de Sydney malgré l'annonce de Moody's intervenue en fin de séance.