
Stewards et hôtesses d'Air France ont entamé lundi leur troisième jour de bras de fer avec la direction qui estime cependant pouvoir assurer au moins 85% des vols, alors que la droite politique durcit le ton face aux grévistes pour le moment soutenus par l'extrême gauche.
Lundi matin quelque 70 vols ont été annulés, au départ de Roissy (48 dont 4 long courriers) et d'Orly (20), sur le millier de vols prévus, selon des sources aéroportuaires, laissant ainsi supposer une certaine efficacité des mesures prises par la compagnie pour limiter les conséquences de la grève.
Depuis le début du mouvement la direction a fait appel à des compagnies partenaires et à ses filiales, limité à 100 environ le nombre de passagers par avion sur la base d'une hôtesse ou steward pour 50 passagers, et demandé le renfort d'environ 200 cadres.
Les principaux syndicats des personnels navigants (PNC - personnel navigant commercial) qui ont appelé à la grève, l'Unsa et le SNPNC-FO, s'étonnent de l'absence de négociations avec la direction.

"On est très surpris qu'il n'y ait aucun appel de la direction vers les organisations syndicales. C'est vraiment un bras de fer qui s'est engagé et ce n'est pas de bon augure pour l'arrivée du futur PDG d'Air France Alexandre de Juniac", a estimé un responsable syndical de l'Unsa, Stéphane Chausson.
Interrogée à ce propos par l'AFP, la direction d'Air France a réaffirmé que "la porte des négociations a toujours été ouverte, depuis le début".
Comme la veille, la direction se déclare confiante dans le transport d'une grande majorité de ses clients. "Lundi, nous estimons pouvoir assurer 85% de NOS vols. Dimanche, nous avons réalisé 88% des vols prévus et transporté 120.000 passagers", a précisé une porte-parole de la compagnie.
"Aucune annulation de dernière minute n'était constatée aujourd'hui (lundi) à 11h00", a ajouté la porte-parole de la direction.
Pour le syndicat SNPNC-FO, "les vols maintenus sont tous affrétés et opérés par d'autres compagnies sans membres d'équipage Air France" et "les vols Air France ont lieu avec un équipage tellement réduit que le nombre de passagers à bord a dû être limité".
"La situation peut devenir plus difficile, beaucoup de cadres pris en supplément des PNC sont partis ce week-end, ils sont en repos et ne peuvent pas revenir tout de suite", a estimé Stéphane Chausson, de l'Unsa.
Le ministre délégué aux transports, Thierry Mariani, a de nouveau qualifié, lundi matin sur RMC, cette grève d'"irresponsable" et craint que celle-ci se traduise par de "nouvelles pertes" financières pour la compagnie confrontée à une rude concurrence.
Une tonalité déjà développée la veille par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre du Transport et de l'Ecologie, et Xavier Bertrand, ministre du Travail, qui s'est également interrogé sur la mise en place d'un service minimum dans le transport aérien.
De son côté, le président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, a regretté qu'"il n'y ait pas de dialogue social pour prévenir ce type d'incident qui revient à prendre en otage certains de nos concitoyens souhaitant profiter de ce long week-end" de Toussaint.
Pour Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle, "il y a une légitimité complète des salariés d'Air France, c'est les conditions de travail qui se dégradent, des questions de sécurité, et derrière, ce sont des emplois menacés."
Six syndicats d'hôtesses et stewards l'Unsa (22%) et FO-SNPNC (21%), la CGT (10%), la CFTC (8%), SUD (6%) et la CFDT (4%) sont à l'origine de cette grève contre une réduction des personnels de cabine qui, selon eux, mettrait en danger la sécurité des passagers. Seul l'Unac (CFE-CGC), premier syndicat des PNC avec 26% des voix aux dernières élections, ne s'est pas joint au mouvement.