
Moral des ménages et des industriels en berne, indice PMI en baisse: les signaux négatifs se succèdent pour la croissance française, laissant craindre un ralentissement très marqué de l'économie, voire un retour en récession.
Les derniers indicateurs publiés jeudi et vendredi vont tous dans la même direction: mauvaise. "C'est une catastrophe!", n'hésite pas à lancer Marc Touati, d'Assya Compagnie Financière.
L'activité économique en France a quasiment calé au mois de septembre, son rythme de croissance chutant à son plus bas niveau depuis plus de deux ans, a d'abord annoncé jeudi le cabinet Markit, dont l'indice PMI est tombé à 50,7 points, contre 53,7 points en août.
Puis l'Insee a enfoncé le clou, en publiant vendredi deux indicateurs traduisant une nette dégradation du moral des ménages et des industriels.
Après une légère embellie en juillet, le moral des Français a ainsi perdu 5 points en septembre, à 80 points, soit son plus bas niveau depuis février 2009.
Les ménages sont notamment nettement plus nombreux qu'en juillet à anticiper une augmentation du chômage (+23 points), selon l'Institut national de la statistique.
"Ce n'est pas forcément un indicateur fiable pour anticiper la consommation des ménages, mais c'est certain que ce n'est pas un bon signal", souligne Michel Martinez, économiste à la Société Générale.
Le moral des industriels français s'est également nettement dégradé en septembre, tout comme l?indicateur du climat des affaires en France, calculé à partir des réponses des chefs d?entreprises des principaux secteurs d?activité.
"Ces données signalent que l'activité se dégrade en France, que les entreprises ne sont pas du tout en train d'accumuler des profits ou de la production", affirme Jean-Cristophe Caffet, économiste chez Natixis.
"Il y a des fondamentaux économiques qui restent bons", a souligné vendredi la présidente du Medef, Laurence Parisot, sur RMC/BFMTV, précisant que "dans la plupart des entreprises aujourd'hui, les carnets de commande sont correctement remplis". "Mais on voit se développer un certain attentisme, une prudence", qui pourrait notamment se matérialiser par des reports d'investissement, a-t-elle prévenu.
L'enlisement de la crise de la dette pèse sur la confiance des marchés, phénomène qui se répercute dans l'économie réelle en se traduisant par un affaiblissement de la demande et de l'activité, relève Jack Kennedy, économiste chez Markit.
Le ralentissement économique mondial et la chute des marchés font notamment craindre aux économistes une contraction du crédit. "Si tel était le cas, la seule composante résiduelle dynamique qu'est l'investissement serait très mal orientée", met en garde Jean-Christophe Caffet.
Pour Marc Touati, la France est aujourd'hui clairement "menacée par la récession". Après une stagnation au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) français "pourrait baisser au troisième et/ou au quatrième trimestres", affirme-t-il.
La grosse incertitude concerne 2012 et au-delà. Tous les économistes s'accordent pour juger trop optimiste la prévision du gouvernement d'une croissance de 1,75% l'an prochain. "Les indicateurs de confiance se dégradent plus rapidement que prévu", s'inquiète notamment Michel Martinez.
Le gouvernement vient de revoir à la baisse sa prévision de croissance pour 2013, à 2% contre 2,5% attendu précédemment. "La période quadriennale qui s?ouvre est marquée par des incertitudes sur l?ENVIRONNEMENT macroéconomique international", a-t-il souligné.