L'Europe a franchi lundi une des dernières étapes en vue de la création d'un filet de sécurité permanent de centaines de milliards d'euros pour les pays de la zone euro en difficulté, tandis que le Fonds provisoire créé l'an dernier va être renforcé.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a annoncé un accord sur une modification du traité de Lisbonne "établissant le mécanisme européen de stabilité" (MES), au cours d'une conférence de presse à Luxembourg, où sont réunis les grands argentiers européens.
S'il est en premier lieu un instrument des pays partageant la monnaie européenne, "les Etats non membres de la zone euro pourront aussi participer" à ce mécanisme, qui sera "doté d'une capacité de prêt effective de 500 milliards d'euros, complétée par la participation du FMI", a précisé Jean-Claude Juncker.
Le Fonds monétaire international prend part jusqu'ici à hauteur d'un tiers aux plans de sauvetage mis sur pied pour des pays de la zone euro.
Le mécanisme est une sorte de Fonds monétaire européen. Il doit remplacer à partir de 2013 un Fonds d'aide (FESF) mis en place l'an dernier à titre provisoire, pour trois ans.
Le FESF a déjà été utilisé pour deux pays de la zone euro en difficulté, l'Irlande et le Portugal (pour la Grèce, c'était un système de prêts bilatéraux qui avait été mis en place).
En attendant que le MES soit opérationnel, le FESF va être musclé.
Les ministres des Finances ont ainsi entériné lundi une augmentation de sa capacité effective de prêts, qui va être portée de 250 à 440 milliards d'euros.
Ses moyens d'action vont aussi être élargis pour lui permettre d'acheter des obligations de pays en difficulté sur le marché primaire, celui où sont émis initialement ces titres.
Le FESF ne pourra en revanche toujours pas intervenir sur le marché secondaire, où les créanciers peuvent revendre les obligations qu'ils détiennent et où la Banque centrale européenne a effectué d'importants rachats d'obligations souveraines depuis le début de la crise de la dette.
Jean-Claude Juncker a par ailleurs précisé que le MES "n'aura pas un statut de créancier privilégié", c'est-à-dire qu'il ne sera pas prioritaire pour se faire rembourser l'argent qu'il aura prêté en cas de difficulté.
Cette disposition, envisagée précédemment pour rendre le mécanisme moins risqué pour les contribuables, a été finalement abandonnée.
C'est "une bonne nouvelle pour la Grèce, l'Irlande, le Portugal", les trois pays de la zone euro qui ont déjà dû bénéficier d'une aide financière extérieure, a insisté Jean-Claude Juncker.
Ces pays restent considérés comme fragiles par les investisseurs, auprès desquels il vont pourtant devoir dans les années à venir recommencer à placer directement des obligations.
Ils auraient pu avoir "des difficultés" si le MES avait un statut de créancier privilégié, a expliqué le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan.
Les investisseurs privés risquaient en effet de rechigner à leur prêter de l'argent, de crainte de se retrouver créanciers de deuxième catégorie en cas de nouvelles difficultés obligeant ces pays à demander l'aide du MES.
"Nous avons retiré ce risque maintenant", s'est félicité Michael Noonan.