Le gouvernement grec a donné jeudi son feu vert au nouveau plan de redressement 2012-2015 malgré une grogne au sein de la majorité socialiste, tandis que certains créanciers du pays, à Berlin et Francfort, se sont déchirés sur les termes de leur soutien à la Grèce.
Au cours d'un conseil des ministres marathon de six heures, le Premier ministre Georges Papandréou a une nouvelle fois appelé "à l'unité nationale" autour de ce plan, durci sous la pression des bailleurs de fonds du pays, zone euro et Fonds monétaire international (FMI).
Approuvé "à l'unanimité" par les membres du gouvernement, le texte, qui augmente les impôts, réduit les dépenses publiques et prévoit une rafale de privatisations, a été déposé dans la soirée au Parlement, selon un communiqué du ministère des Finances.
"Nous sommes à un point crucial (...), je vais insister pour que le plan soit voté à une grande majorité (...) et je vais inviter tous les partis parlementaires à un dialogue et à la coopération", a souligné M. Papandréou.
Le texte prévoit un durcissement de la rigueur avec 28,4 milliards d'économies prévues, dont 6,4 milliards en mesures supplémentaires pour 2011.
Les mesures ont été présentées par le gouvernement comme la condition pour sauver le pays plombé par une dette abyssale de près de 350 milliards d'euros, et décrocher un nouveau plan d'aide de la zone euro et du FMI, d'un montant qui pourrait aller jusqu'à 100 milliards d'euros, pour pallier l'insolvabilité grecque.
Pour les faire accepter par ses troupes, un an seulement après la première cure d'austérité présentée à l'époque comme suffisante, M. Papandréou a mêlé autocritique et dramatisation de l'enjeu au cours de trois réunions fleuve successives tenues depuis lundi.
Alors que les médias ironisaient sur cette "thérapie de groupe", le porte-parole officiel Georges Pétalotis, s'est dit confiant mercredi quant aux résultats du vote, en principe autour du 28 juin, au parlement, où le gouvernement dispose de 156 sièges sur 300.
D'ici mi-juillet, l'UE et le FMI doivent débloquer le versement de la cinquième tranche du premier prêt de 110 milliards d'euros consenti l'an dernier par ses créanciers.
Les privatisations, allant des transports à l'énergie en passant par les banques, censées rapporter 50 milliards d'ici 2015, ont mis le feu aux poudres. Les syndicats appellent à une grève générale le 15 juin contre le "bradage" du pays, et une mobilisation citoyenne indépendante des partis et des syndicats rassemble depuis fin mai des foules grandissantes sur la place centrale d'Athènes.
Soucieux de ne pas perdre trop de terrain, les syndicats avaient organisé une grève de 24 heures jeudi dans les sociétés privatisables. "Nous disons non à la vente du pays" indiquait une banderole dans le défilé à Athènes jeudi.
Mais avec un chômage qui s'envole, à 16,2% en mars, et une croissance du PIB au premier trimestre atone (+0,2%), après une sévère révision à la baisse annoncée mardi, la tension sociale et politique risque aussi de progresser avec la mise en oeuvre des mesures d'austérité.
Dans un pays dénué de culture du consensus, le chef de l'opposition de droite, Antonis Samaras, campe sur son refus d'épauler le gouvernement en dépit des appels pressants de sa famille politique européenne et des dirigeants de la zone euro à un engagement garantissant que le pays tiendrait le cap même après la fin du mandat de l'actuelle majorité, en 2013.
Pendant ce temps, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a réitéré à Francfort sa ferme opposition à toute forme de restructuration de la dette grecque, s'opposant frontalement à Berlin qui continue de réclamer une restructuration dite "douce" impliquant les prêteurs privés.