
Sortie de la récession au troisième trimestre 2010, l'Islande a emprunté avec succès sur les marchés internationaux pour la première fois depuis son effondrement financier, les investisseurs ne semblant pas lui tenir rigueur des contentieux qui perdurent avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
Reykjavik a levé jeudi un milliard de dollars (690 millions d'euros) à cinq ans, l'objectif qu'elle s'était fixé, a indiqué à l'AFP une source de marché.
La demande a été une fois supérieure à l'offre (environ 2 milliards de dollars) et le coupon est ressorti à 4,875%, a-t-elle précisé.
Il s'agit de la première émission de dette à l'international depuis 2006, lorsque le pays avait levé 1 milliard d'euros également sur cinq ans.
"Il était important pour l'Islande de redorer son image et de savoir que des investisseurs n'ont pas été découragés après la faillite du pays et ses différends avec certains pays européens", a souligné René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.
L'île volcanique est sortie de la récession au troisième trimestre 2010 pour la première fois depuis l'effondrement de son système financier en octobre 2008.
Toutefois des différends demeurent avec certains de ses créanciers, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, sur l'indemnisation des clients britanniques et néerlandais de la banque islandaise Icesave qui avait été prise en charge par Londres et La Haye après sa faillite de 2008.
Après de multiples rebondissements et tractations, les trois pays avaient trouvé un accord en décembre pour que l'Islande rembourse entre 2016 et 2046.
Mais début avril, les électeurs islandais se sont clairement prononcés contre ce remboursement par référendum.
"Cette émission montre aussi qu'un Etat qui a connu une crise financière et bancaire spectaculaire peut très bien revenir sur les marchés", souligne M. Defossez, en relevant que la Grèce et le Portugal englués dans une dette abyssale pourraient peut-être s'inspirer de l'exemple islandais.
Mais, contrairement aux pays actuellement en difficulté dans la zone euro, Reykjavik a eu "plus de marge de manoeuvre car elle a pu dévaluer sa monnaie" de plus de 50% par rapport à l'euro au plus fort de la crise, ajoute M. Defossez.
Cette très forte dépréciation a été une vraie bouffée d'oxygène qui a permis à l'île, les premières inquiétudes passées, de retrouver de la compétitivité.
Les exportations sont ainsi reparties: le poisson, mais aussi l'aluminium, une grande spécialité industrielle de l'île.
La situation économique du pays reste toutefois fragile. Son Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,0% au premier trimestre 2011, mais il avait reculé de 1,5% sur les quatre derniers mois de 2010.
L'Islande est une très petite économie: le PIB de l'île, peuplée d'environ 320.000 habitants, s'est chiffré l'an dernier à 1.540 milliards de couronnes islandaises, soit 9,3 milliards d'euros au cours actuel.