
Le tribunal de Milan (nord) a acquitté lundi les banques américaines Morgan Stanley, Citigroup, Bank of America et l'allemande Deutsche Bank ainsi que cinq de leurs responsables, accusés d'avoir eu un rôle dans la faillite retentissante de Parmalat en 2003.
Ce procès pour manipulation de cours de Bourse avait démarré en janvier 2008 à Milan. Les banques et leurs responsables y étaient accusés d'avoir organisé des émissions obligataires pour le compte du groupe agroalimentaire italien tout en connaissant son insolvabilité.
Le parquet de Milan avait réclamé en janvier une sanction financière de 900.000 euros pour chacune de ces banques, la confiscation d'un total de 120 millions d'euros et la condamnation à des peines allant d'un an de prison à un an et quatre mois pour deux responsables de Morgan Stanley, deux de Deutsche Bank et un de Citigroup.
Ces quatre géants bancaires ont salué la décision du tribunal.
Citigroup, qui soutient avoir été "escroqué" par Parmalat, s'est félicité de ce verdict qui "confirme sans équivoque que Citi et ses employés n'ont eu aucun rôle dans la réalisation de la faillite frauduleuse la plus importante d'Italie".
Morgan Stanley s'est déclaré de son côté "satisfait", Bank of America a également exprimé sa "satisfaction" à l'égard d'une décision prouvant qu'"aucun des salariés n'avait connaissance de la fraude" tandis que Deutsche Bank a salué un verdict démontrant que le groupe avait toujours "agi avec professionnalisme et dans le respect de la loi italienne".
UBS était également jugé à l'origine dans ce procès mais la banque suisse a négocié le paiement d'une sanction financière en échange d'un arrêt des poursuites.
Les associations de défense des consommateurs et des usagers bancaires ont en revanche dénoncé ce verdict.
"Qui sont les auteurs de ce krach qui a coûté 14 milliards d'euros ? (..) Qui ont été les complices de Calisto Tanzi (le fondateur et patron de Parmalat) ?", s'est interrogée Adusbef qui espère que les juges n'ont pas été "conditionnés par la force contractuelle des +banksters+".
Adiconsum a qualifié de son côté ce verdict d'"injuste" et estime qu'"une fraude de ce genre n'aurait pas été possible sans la collaboration des banques qui ont émis les titres".
Le krach de Parmalat en 2003, l'un des scandales financiers les plus retentissants en Europe, a laissé un trou de 14 milliards d'euros et englouti les économies de 135.000 épargnants.
Les enquêtes ont démontré que le groupe était au bord du gouffre depuis de nombreuses années et ne survivait qu'au prix de grossières falsifications de bilan et grâce à des instruments financiers sophistiqués.
Depuis 2005, la nouvelle direction de Parmalat a conclu des accords avec de nombreuses autres banques en échange d'un arrêt des poursuites qui lui ont permis d'encaisser environ 2 milliards d'euros.
Dans le principal procès concernant l'affaire Parmalat, l'ancien patron du groupe Calisto Tanzi a été condamné à 18 ans de prison pour faillite frauduleuse par le tribunal de Parme en décembre 2010, tandis que quatorze autres ex-dirigeants ont également écopé de lourdes peines.
M. Tanzi avait déjà été condamné fin 2008 à dix ans de prison, notamment pour manipulation de cours de Bourse dans le cadre d'un autre procès à Milan. Cette peine a été confirmée en appel en mai 2010.