Une commission gouvernementale a recommandé lundi une vaste réforme faisant obligation aux grandes banques britanniques de cloisonner leurs activités de détail et celles d'investissement, pour éviter une répétition de la crise financière de 2008.
Une telle réforme, qui placerait dans une entité protégée l'argent des particuliers, conduirait à la restructuration la plus importante du secteur bancaire britannique depuis plusieurs décennies, selon les experts.
Elle va toutefois moins loin qu'une scission pure et simple des banques "universelles", dites "trop grosses pour faire faillite" ("too big to fail") et donc protégées de facto par l'Etat et les contribuables lorsqu'elles se trouvent au bord de la faillite.
Dirigée par un économiste de renom, John Vickers, la "commission bancaire indépendante" a publié lundi un rapport intérimaire très attendu par la City. La version définitive sera livrée en septembre.
Les quatre principales banques britanniques (HSBC, Barclays, Lloyds Banking Group et Royal Bank of Scotland) défendent avec vigueur le modèle de banque universelle, et plusieurs d'entre elles ont menacé de déménager leur siège social à l'étranger si la réforme était trop radicale.
Lloyds Banking Group, née durant la crise financière et représentant 30% des activités de détail au Royaume-Uni, pourrait être contrainte de vendre d'autres succursales pour améliorer la compétitivité du secteur.
Le groupe fait l'objet d'une attention particulière dans le rapport de la commission présidée par John Vickers. Selon les experts, la crise a conduit à une concentration accrue du secteur, au détriment de la concurrence, le cas de LBG étant le plus frappant.
LBG s'est déjà engagé auprès de la Commission européenne à vendre 600 succursales d'ici 2013, mais la commission Vickers estime que ce n'est pas encore suffisant et suggère que ce groupe se déleste "d'autres actifs".
Le rapport intérimaire de la commission suggère de mettre en place des "cloisons" ou des "pare feux" entre les activités de détail et d'investissement afin de protéger les actifs des particuliers en cas de nouvelle crise.
C'est "une combinaison modérée" des différentes options possibles, a plaidé Sir John Vickers sur la radio BBC en présentant les premières conclusions de sa commission. "Le but est que les contribuables ne puissent plus être pris en otages" et "de limiter les risques d'avoir recours à l'argent en cas de nouvelles crise", a-t-il expliqué.
Sir John a reconnu qu'une telle réforme obligerait les banques à lever des capitaux supplémentaires pour assurer davantage d'autonomie à chacune de leur grande branche d'activité.
L'Etat avait été obligé de débourser des dizaines de milliards d'euros durant la crise financière pour empêcher le naufrage de grandes banques britanniques, comme la Royal Bank of Scotland et Lloyds Banking Group.