
Magasins tout ou en partie bloqués, caisses fermées, réception des marchandises à l'arrêt: les salariés des hypermarchés Carrefour se sont fortement mobilisés samedi lors d'un mouvement de grève "sans précédent", selon les syndicats, pour ce géant de la grande distribution.
La direction a affirmé pour sa part à l'AFP que "tous les magasins étaient ouverts et accueillaient les clients".
FO, la CFDT et la CGT avaient appelé à la grève pour exiger de la direction qu'elle revoie à la hausse ses propositions salariales pour 2011 pour les 65.000 salariés du groupe.
Les syndicats avaient maintenu leur appel malgré l'annonce in extremis, vendredi, par la direction qu'elle allait rouvrir les négociations, en dénonçant un "piège grossier" destiné à casser la mobilisation.
Selon Terglav Dejan, secrétaire fédéral FGTA-FO, la proportion de grévistes était comprise dans de nombreux magasins entre 85 et 100%. "Même là où nous sommes moins présents, il y a 30 à 50% de grévistes", a affirmé le responsable de FO, premier syndicat chez Carrefour (environ 45% des voix), parlant d'un "succès sans précédent".
"C'est la première fois que je vois toutes les organisations appeler à la grève le même jour, après 38 ans chez Carrefour", a souligné samedi Serge Corfa de la CFDT Services.
"Je n'ai jamais vu une mobilisation aussi importante, touchant même de petits hypermarchés comme Beaucaire (Gard) qui a suivi à 80%", a-t-il ajouté, en estimant qu'environ 150 des 200 hypermarchés avaient été affectés.

"Certains ont arrêté la grève après quelques heures. C'était prévu, le but n'étant pas de faire perdre excessivement d'argent à l'entreprise, mais de montrer le malaise profond des salariés", a commenté M. Corfa, évoquant notamment les "8.000 suppressions d'emplois en deux ans, les réorganisations incessantes et les 6 milliards d'euros que vont toucher les actionnaires".
"Les gens veulent une redistribution dans les entreprises", a estimé le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly au Mans où il était venu soutenir les salariés du Carrefour local.
Selon des correspondants de l'AFP, les grévistes ont parfois érigé des barrages de chariots pour entraver l'accès aux magasins, ou aux parkings, laissant passer les seuls piétons auxquels ils distribuaient des tracts.
Ainsi, dans les Bouches-du-Rhône, ils bloquaient les entrées de parkings, selon une responsable FO, Dominique Beltrand. "A Aix-en-Provence, le magasin est mort", précisait-elle dans la matinée.
Ailleurs, comme à Illzach-Mulhouse (Haut-Rhin), ils empêchaient aussi la réception des marchandises.

A Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), une centaine de salariés ont manifesté devant l'établissement, prévenant les clients qu'ils s'exposaient à une longue attente aux caisses, "tenues par les cadres" du magasin, selon Marc Zeiller, du Syndicat des commerces et services.
Qualifiant le mouvement de "mémorable" Franck Gaulin, délégué syndical central CGT, a souhaité que "la direction l'entende".
La direction a proposé de reprendre mercredi les négociations salariales.
Les syndicats jugent insuffisante l'augmentation proposée des salaires de 1% en mars et de 1% en octobre, assortie d'une remise de 10% (au lieu de 7%) sur les achats dans les magasins de l'enseigne et d'une participation aux frais d'entretien des tenues de travail de 6 euros par trimestre.
Ils considèrent que cela ne suffit pas à compenser l'inflation et la perte de pouvoir d'achat des dernières années.
"Il faut savoir que les 3/4 de NOS caissières vont faire leur courses dans des hard-discount", a souligné une responsable FO du Var, Chantal Puig.