
Le "panier des essentiels" dévoilé mercredi, une dizaine de produits "de qualité à prix attractifs" proposés d'ici fin avril en grandes surfaces, reçoit un accueil mitigé des associations de consommateurs, au moment où une valse des étiquettes est annoncée dans l'alimentaire.
Ce "panier", une sélection qui sera affichée dans les magasins, comportera obligatoirement un fruit, un légume, une viande, un poisson, un fromage ou produit laitier et une boisson, a expliqué devant la presse le secrétaire d'Etat à la Consommation Frédéric Lefebvre, à l'origine de l'initiative.
Carrefour, Géant-Casino, Auchan, Match/Cora, Monoprix, Leclerc, Système U, et Intermarché ont signé mercredi une convention par laquelle ils s'engagent à proposer ce "panier" au moins une fois par semaine. Mais les critères de prix attractif et qualité restent à l'appréciation de chaque enseigne.
Il s'agit de permettre aux consommateurs "de découvrir des produits de qualité à des prix abordables pour tous", a expliqué M. Lefebvre. Ce n'est pas "un panier du pauvre (...). C'est un panier pour tout le monde", a-t-il affirmé.
"Chaque semaine, nous allons offrir un panier de produits de qualité (...) à moins de 20 euros pour une famille de quatre personnes" qui permettra de faire trois repas, a déclaré le directeur de Carrefour France, James McCann.
"On va mettre la meilleure qualité possible pour un repas équilibré", a-t-il assuré.
Le premier a été lancé dans un magasin du groupe mercredi à 18,98 euros.
Il comporte notamment deux pièces de viande d'origine française (basse côte de boeuf et demi-longe de porc tranchée), deux légumes (courgettes espagnoles, carottes françaises), un poisson (pangasius décongelé, origine Vietnam) et trois produits "discount" (fromage blanc, jus d'orange, pommes de terre).
Pour Familles Rurales, ce panier "encourage l?alimentation équilibrée" et "veut démontrer qu?il est possible de trouver des produits de qualité à des prix abordables". Mais il "ne résout pas le problème des prix dans un contexte de hausse généralisée des produits alimentaires".
A la CLCV, la présidente Reine-Claude Mader salue la présence de produits frais. "Il y a incontestablement, si le panier est équilibré, un effet pédagogique", juge-t-elle.
Mais "il ne faudrait pas que ça serve de prix d'appel: on identifie dix produits, on fait un coup de pub dessus, et puis on amène les consommateurs à venir dans la grande surface", prévient-t-elle.
Beaucoup plus virulente, l'UFC-Que Choisir a quant à elle fait part de son son "amère déception" devant "une mesure qui a tout du +gadget+", au service selon elle "de la grande distribution et de la communication gouvernementale".
"Par sa faible ampleur et ses contours mal définis, ce panier a tout de l'effet d'annonce pour tenter de faire oublier la hausse actuelle des prix et la mauvaise qualité nutritionnelle de l'offre alimentaire", a-t-elle ajouté.
"Aucun niveau maximal de prix n'est défini, aucun engagement chiffré n'est donné pour contenir l'inflation, pas plus que pour améliorer la transparence dans la construction des marges (ndlr, des distributeurs)", a déclaré à l'AFP Olivier Andrault, le chargé de mission alimentation de l'association.
"Ni le ministère de la Santé, ni le Programme national nutrition santé n'ont été associés au choix des produits", a-t-il regretté.
Cette année, les prix alimentaires et non alimentaires devraient augmenter en moyenne de 2%, en raison de la flambée des matières premières agricoles, selon la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD).
La hausse sera beaucoup plus marquée pour des produits comme les farines (15 à 20%), les pâtes (5 à 10%), le café (10 à 20%).