Les négociations pour renouveler la convention d'assurance-chômage ont totalement buté jeudi soir sur l'exigence du Medef de voir baisser les cotisations sous conditions, jugée inacceptable par les syndicats de salariés.
"Nous étions cinq organisations syndicales à nous insurger", a résumé Marie-Françoise Leflon de la CFE-CGC, à l'issue de la troisième séance de pourparlers, réunissant aussi côté syndicats la CGT, la CFDT, FO et la CFTC.
Le patronat a pris les syndicats par surprise en demandant que soit inscrit dans le marbre de la convention le principe d'une baisse des cotisations -- pour les entreprises et les salariés -- si les comptes de l'Unedic redeviennent bénéficiaires pendant deux semestres successifs d'au moins 500 millions d'euros par semestre et ce, quel que soit le niveau de la dette totale, estimée à 11 milliards à fin 2011.
Lors de la dernière réunion du 9 février, le Medef avait pourtant accepté de considérer le montant de la dette cumulée avant de parler d'une baisse des cotisations.
"C'était ubuesque", a commenté Maurad Rabhi de la CGT, en souhaitant que le patronat revienne à de meilleures dispositions d'ici à la prochaine réunion prévue le 10 mars.
"Nous avons passés des heures à parler d'une baisse des cotisations au lieu d'avoir un vrai débat sur les demandeurs d'emploi", a-t-il ajouté.
"Le Medef est passé de co-gestionnaire de l'assurance chômage à une logique purement idéologique", liant coût du travail et compétitivité, a affirmé Laurent Berger de la CFDT.
"J'espère qu'ils ne gèrent pas leurs entreprises comme ils gèrent l'Unedic", a-t-il lancé, faisant référence à la baisse réclamée des cotisations malgré la lourde dette.
"On accuse souvent les syndicats d'être dogmatiques mais on a le patronat d'un dogmatisme! On est au degré zéro de la réflexion", a lancé Stéphane Lardy de FO.
Mais Patrick Bernasconi du Medef a affirmé à la presse qu'"il n'était pas question de revenir" sur cette demande: "j'ai souhaité rappeler aux syndicats qu'il n'y aura pas de signature (d'une nouvelle convention) par l'organisation patronale, s'il n'y a pas de baisse de cotisations".
Pour le Medef qui représente dans ces négociations la CGPME et l'UPA, une telle baisse "est un facteur de compétitivité pour les entreprises et de pouvoir d'achat pour les salariés".
Les syndicats ont unanimement regretté une position jugée intransigeante, reflet selon eux de dissensions internes au Medef. Ils espèrent également qu'il s'agit d'une position "tactique" et ont appelé le patronat à "réfléchir".
L'actuelle convention arrive à échéance le 31 mars. En cas d'échec, le gouvernement pourrait reprendre la main, un scénario que veulent éviter à tout prix les syndicats.