Le Fonds monétaire international a abaissé malgré lui jeudi le taux d'intérêt attaché à son prêt à l'Irlande, au moment où Dublin demande un geste semblable à ses partenaires européens.
Le FMI a accordé en décembre un prêt de 22,5 milliards d'euros au pays, dont le taux d'intérêt a été réduit de 0,13 à 0,20 point de pourcentage, pour tomber entre 3,04% et 3,85%, en fonction des échéances.
Cette baisse est la conséquence automatique de l'entrée en vigueur jeudi d'une réforme des quotes-parts et droits de vote au sein du FMI adoptée par les Etats membres en avril 2008.
Comme la quote-part de l'Irlande, à savoir sa contribution permanente aux finances du Fonds, a augmenté de 50% avec cette réforme, le pays emprunte un montant relativement moins élevé par rapport à son poids au sein de l'organisation, et devra donc payer moins cher cet emprunt.
Le FMI a précisé qu'il n'avait pas spécialement voulu faire un geste. "Cette réduction du taux d'intérêt moyen est la conséquence de l'application des politiques existantes du Fonds dans le cadre de l'accroissement convenu des quotes-parts et non pas un changement de politique", a-t-il expliqué dans un communiqué.
Quand l'Irlande avait obtenu cet accroissement de son poids au sein du FMI, elle paraissait encore en pleine santé, et l'institution tablait sur la poursuite de la croissance. Personne n'aurait parié qu'elle aurait besoin de l'aide internationale en 2010.
Aujourd'hui, elle doit payer une facture astronomique pour sauver son système bancaire. Et pour les partis qui ont remporté les élections législatives en février, le taux d'intérêt demandé par les partenaires de l'Union européenne, à 5,8% en moyenne, est "punitif".
Ce taux d'intérêt a été jugé déraisonnable par de nombreux économistes, qui jugent l'Irlande insolvable dans les conditions actuelles.
Lundi, la Commission européenne a précisé que ce taux serait discuté au sein de l'UE, "dans la perspective européenne globale du maintien de la stabilité financière dans la zone euro et d'une viabilité de la dette de tous ses membres".
Un pas que ne semble pas prêt à franchir le FMI est de renégocier les grandes lignes du programme économique demandé à l'Irlande.
"Les objectifs globaux du programme, qui sont bien sûr de remettre l'Irlande sur la voie d'une croissance durable, avec des emplois, et de régler les problèmes du secteur financier, qui a été à la racine de beaucoup des difficultés de l'Irlande, ces objectifs globaux resteront les mêmes", a déclaré lors d'un point de presse à Washington la porte-parole du Fonds, Caroline Atkinson.
Pour l'institution, il n'a jamais été question de renégocier le principe selon lequel les banques nationalisées rembourseront intégralement leurs créanciers.
"Le programme irlandais qui a été mis en oeuvre a été principalement conçu par les Européens et est destiné à aider l'UE à régler le problème irlandais", disait mercredi à Montevideo son directeur général Dominique Strauss-Kahn.
Les partis qui négocient actuellement un gouvernement de coalition ont fait campagne sur l'idée que ces créanciers devaient aussi faire des efforts, étant donné ceux auxquels est astreinte la population irlandaise.
La question doit être discutée quand le Fonds enverra des émissaires à Dublin fin mars ou début avril, en vue du versement de deux tranches du prêt pour un montant total prévu de 4,2 milliards d'euros.